Jacques-Laurent BOST


dit « Le petit Bost »
6/05/1916 Le Havre – 21/09/1990 Paris
Élève lycée de garçons (1927-1935)
Écrivain-Scénariste-Dialoguiste-Traducteur-Journaliste


Photo : babelio.com

Jacques-Laurent Bost est le plus jeune fils de Charles Bost, pasteur et aumônier protestant au lycée de garçons du Havre de 1907 à 1934, un des grands historiens du protestantisme français, et de Marie ZINDEL. Jeune frère de Pierre Bost, il est le dixième enfant d’une famille décrite comme plutôt aisée et à la morale rigoureuse, qui vit 3 rue Léon-Buquet, juste au sud du boulevard (à l’époque) de Strasbourg devenu Foch en 1929, tout près de l’institution Saint-Joseph (là-aussi dans sa localisation d’avant-guerre).

Après une scolarité primaire à l’école laïque de garçons de la rue Piedfort (rue Charles-Auguste-Marande après 1936), il entre en sixième au lycée de garçons à la rentrée 1927. Il suit un cursus régulier et accède à la classe de Philosophie en 1933-1934, l’année où elle est assurée par Raymond ARON. Il se révèle assez proche de celui-ci : il fait partie, avec Albert PALLE et Jean POUILLON, des trois élèves invités à rencontrer leur professeur chez lui.

Nul doute qu’il échoue au baccalauréat, puisqu’on le retrouve en 1934-1935 élève de Jean-Paul SARTRE, de retour de Berlin. Jacques-Laurent Bost est fasciné par la personnalité et les idées de son professeur. Est-ce à cette époque et sous son influence que ce jeune homme, élevé avec rigueur dans la foi protestante, devient athée, voire agnostique ?

Son baccalauréat en poche, il gagne Paris, s’inscrit à la Sorbonne, et intègre la « petite famille sartrienne » (Wikipedia). Il deviendra l’amant de Simone de Beauvoir avec qui il va échanger une importante correspondance. C’est, semble-t-il, à cette époque qu’il va être surnommé « le petit Bost », en référence à la notoriété déjà acquise par son frère aîné, Pierre Bost. Poursuivant ses études, il semble qu’il effectue quelques petits boulots dans le cinéma.

En 1939, il est toujours étudiant lorsqu’il est mobilisé. Il se révèle assez rétif vis-à-vis des officiers et de leur autorité, au point qu’il refuse de monter en grade. Mais, pendant la campagne de France en mai-juin 1940, son attitude au combat lui vaudra la Croix de guerre. Il est blessé pendant la débâcle. Démobilisé, rendu à la vie civile, il se marie avec Olga KOZAKIEWICZ, une ukraino-polonaise proche du couple Sartre-Beauvoir, ancienne élève de Simone (ils formèrent un ménage à trois, un « trouple »…).

Pendant l’occupation, Jacques-Laurent Bost continue à effectuer des travaux pour le cinéma, et il sera notamment assistant-réalisateur de Jacques BECKER et Pierre PRÉVERT.

Après la Libération, il commence une double carrière. La première le conduit à être scénariste-dialoguiste pour le cinéma. Il va notamment adapter pour le 7ème Art un roman et des pièces de Jean-Paul SARTRE (« Les jeux sont faits », « Les mains sales », « La putain respectueuse ») pour divers réalisateurs (Jean DELANNOY, Fernand RIVERS et Simone BERTIAU, Charles BRABANT et Marcello PAGLIERO), mais aussi pour des films de moindre ambition, par exemple de l’acteur-réalisateur américain, victime du Mccarthysme, John BERRY avec son ami Eddie CONSTANTINE. Cette activité s’étale de 1947 à 1966.

L’autre carrière est le journalisme. En 1945, Jacques-Laurent Bost est engagé par Albert CAMUS pour le quotidien « Combat » et envoyé en Allemagne comme correspondant de guerre. Il couvre à cette occasion la libération du camp de concentration de Dachau, non loin de Munich. Il va publier dès 1946 son journal de guerre, intitulé « Le dernier des métiers », dans la collection que dirige Albert Camus chez Gallimard, « L’Espoir ».

Le métier de grand reporter ne le satisfait guère. Il le tient souvent éloigné de Paris où il aime tant fréquenter une petite bande de « sartriens » : Jean CAU (alors secrétaire de Sartre, futur journaliste), Alexandre ASTRUC (futur cinéaste), Robert SCIPION (journaliste), Jean Pouillon (ancien condisciple du lycée du Havre, ethnologue), Jean-Bertrand LEFÈVRE-PONTALIS (philosophe). Dès 1945, Jacques-Laurent Bost a cofondé, avec Jean-Paul SARTRE et Simone de Beauvoir, dont il reste l’intime, la revue « Les temps modernes ». Il y écrit des papiers féroces pour la rubrique « Le cours des choses », mais aussi nombre d’ouvrages de commande, souvent sous pseudonyme. Dans les années 1950, il écrit aussi, sous le nom de Claude TARTARE, des critiques de cinéma dans « L’Express » où travaille son neveu, originaire du Havre, Serge LAFAURIE.

En 1960, il signe le « manifeste des 121 », prônant le droit à l’insoumission dans le contexte de la guerre d’Algérie.

Ce conflit terminé, Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER souhaite imposer à « L’Express » une nouvelle formule et une nouvelle ligne éditoriale, qui ne convainquent pas Jacques-Laurent Bost. Bien qu’il soit extrêmement bien payé dans cet hebdomadaire, il va s’intéresser au projet de Serge Lafaurie et de Jean DANIEL et participer aux négociations qui vont donner naissance au « Nouvel observateur ». À partir de février 1965, pour un salaire considérablement diminué, il va rejoindre le nouveau magazine et y publier de nombreux papiers de société ou de politique intérieure. Mais, il va progressivement radicaliser sa position politique en finissant par trouver l’hebdomadaire trop à droite par rapport à l’idéal déclaré. Lui-même s’est considérablement rapproché du Parti communiste. Il se heurte de plus en plus à ses confrères (dont Olivier TODD) dont il n’apprécie pas les articles. En mai 1978, la publication d’un article de Jules ROY saluant l’action des parachutistes français à Kolwezi, au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo), heurte son antimilitarisme. De plus arrive à la tête du magazine Françoise GIROUD qu’il ne peut pas supporter.

Jacques-Laurent Bost quitte donc « Le Nouvel observateur ». Il a 62 ans mais, Jean-Paul SARTRE ne l’ayant jamais déclaré pour son rôle aux « Temps modernes » et ayant accepté à « L’Obs » un salaire misérable, il ne peut prétendre qu’à une retraite dérisoire. Il est embauché au « Canard enchaîné » où il travaillera comme « rewriter », poste qu’il occupera jusqu’à sa mort.

Enfin, Jacques-Laurent Bost aura eu une activité de traducteur pour la collection « Série noire »

Il meurt à l’âge de 74 ans.

Il était décoré :

  • de la Croix de guerre 1939-1945

Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 10/10/2022