Raymond, Claude, Ferdinand ARON
14/03/1905 Paris VIème – 17/10/1983 Paris IVème
Professeur de philosophie (1933-1934)
Né dans une famille juive aisée, Raymond Aron obtient son baccalauréat en 1922 au lycée Hoche de Versailles, puis suit des classes préparatoires littéraires au lycée Condorcet, à Paris. En 1924, il est admis à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, dans la même classe que Jean-Paul SARTRE. En 1928, il est reçu premier à l’agrégation de philosophie, alors que Sartre échoue à l’écrit. Il est alors influencé par les idées pacifistes du philosophe ALAIN et milite à la SFIO, dont il s’éloignera rapidement. Il va ensuite effectuer son service militaire à l’office météorologique des armées, où Sartre le rejoindra un an plus tard.
En 1930, Aron part étudier un an à l’université de Cologne, en Allemagne, puis de 1931 à 1933 à l’Institut français de Berlin où il observe la montée du nazisme, ce qui va lui inspirer une profonde aversion pour les régimes totalitaires. À la rentrée 1933, il est nommé professeur de philosophie au lycée du Havre, où il succède à Jean-Paul SARTRE, parti quant à lui le remplacer à Berlin.
« À sa place, Aron a établi face aux élèves la distance, l'austérité, bref, les convenances. Lui ne va pas dans les ruelles du port. Il ne loge pas dans un hôtel misérable. Il ne se baigne pas à minuit et ne boit pas de bières avec les plus enthousiastes. Il suit le programme avec clarté et joue au tennis avec les grands bourgeois, sur les hauteurs de la ville. Et déjà quelques élèves préféreraient, sans se l'avouer, avoir tort avec Sartre plutôt que raison avec Aron » (Philippe Lançon dans « Libération », cahier spécial, 11 mars 2005).
L’un d’eux écrira, bien plus tard : « J’entrais en classe de philosophie le 1er octobre 1933. Nous nous attendions à voir apparaître Sartre. Ce fut Raymond Aron qui entra et nous dit de nous asseoir. Ni l’un ni l’autre n’avaient atteint la célébrité, mais ils avaient déjà sur nous l’autorité qu’ils ont acquise depuis lors sur les Français et sur l’Intelligentsia au-delà de nos frontières. Nous avions affaire à des intelligences supérieures et nous le savions. Monsieur Aron n’a pas changé depuis ce temps-là et ses portraits d’aujourd’hui le représentent comme nous le voyions, grand, maigre, élégant dans toute son allure, l’œil bleu vert, la bouche moqueuse […]. Il faisait sa classe avec un grand soin et une pédagogie très méthodique ». Aron écrira dans ses Mémoires : « La hiérarchie sociale de la ville s’insinuait jusque dans le lycée, dans le bureau du proviseur ». Il discute volontiers avec ses élèves, dont trois viennent le rencontrer chez lui : Albert PALLE (cité également comme élève de Sartre, sans doute redoublant), Jacques-Laurent BOST (le « petit Bost », jeune frère du romancier et scénariste Pierre Bost, futur journaliste, écrivain, scénariste, dialoguiste et traducteur, qui sera un amant de Simone de Beauvoir) et Jean POUILLON (futur ethnologue).
C’est au Havre que Raymond Aron écrira « La sociologie allemande contemporaine », qu’il publiera en 1935. À la rentrée 1934, Sartre reprend sa place au lycée du Havre.
Aron va commencer alors une carrière d’enseignant, deviendra en 1938 Docteur ès Lettres. Pendant la guerre, il gagnera Londres pour s’engager dans la France Libre, où il deviendra rédacteur du journal homonyme. Après-guerre, il mènera de front une carrière d’enseignant, de journaliste (à « Combat », au « Figaro », à « L’Express ») et d’écrivain.
Il mourut subitement, à l’âge de 78 ans.
Il était :
- Officier de la Légion d’honneur
- Croix de guerre 1939-1945
- Commandeur de l'ordre des Palmes académiques
- Croix pour le Mérite (version civile)
Écrit par : Jean-Michel Cousin
Le 27/06/2022