Georges LIMBOUR


11/08/1900 Courbevoie (actuellement Hauts-de-Seine) – 17/05/1970 Chiclana de la Frontera (Espagne)
Élève lycée de garçons
Écrivain et poète


Photo : Open Edition

Né en région parisienne, Georges Limbour fait ses études secondaires au lycée de garçons du Havre, ville où son père, militaire, a été muté et dont sa mère est originaire. Il y fait la connaissance de Jean DUBUFFET, Raymond QUENEAU, Armand SALACROU, Pierre BOST et Jean PIEL. Il gardera de son séjour au Havre un profond amour pour la mer.

Dès 1915, il écrit ses premiers textes. En octobre 1918, baccalauréat en poche il gagne Paris avec son ami Jean DUBUFFET dans le but d’y faire des études de philosophie (il obtiendra une licence en 1923) et de s’adonner à la poésie. De 1920 à 1923, il effectue son service militaire à la caserne Latour-Maubourg, dans le VIIème arrondissement de Paris, juste à côté des Invalides, en compagnie d’autres futurs écrivains : Marcel ARLAND, André DHÔTEL, Roger VITRAC, René CREVEL.

En 1922, Jean DUBUFFET lui fait rencontrer le peintre André MASSON, dont Georges Limbour va assidûment fréquenter l’atelier, 45 rue Blomet Paris XVème. Là, il va se lier avec le plasticien Joan MIRÓ, le futur cinéaste Roland TUAL, les écrivains Michel LEIRIS et Antonin ARTAUD, le peintre André BEAUDIN, qui vont lui faire rencontrer André BRETON, avec qui il n’aura jamais de lien très proche, lui préférant clairement Louis ARAGON.

Georges Limbour évitera soigneusement la rencontre des deux groupes afin, dira-t-il, de « sauvegarder la paix miraculeuse de la rue Blomet ». Il participera, dans les années suivantes, au mouvement surréaliste jusqu’à sa rupture, en 1930, avec André Breton et sa signature apposée au bas d’un tract dirigé contre ce dernier, « Un cadavre », cosigné par Georges RIBEMONT-DESSAIGNES, Jacques PRÉVERT, Raymond QUENEAU, Robert DESNOS, Roger Vitrac et Georges BATAILLE…

En janvier 1924, Georges Limbour est envoyé en Rhénanie, en tant que journaliste de l’armée, mais son comportement le fait incarcérer, et il n’est libéré que grâce à l’intervention d’André Breton et de Robert Desnos. De retour à Paris, il entame une liaison passionnée avec une comédienne du théâtre de l’Atelier, d’origine roumaine, Bianca MAKLÈS (de son nom de scène Lucienne MORAND), mariée à Théodore FRAENKEL, écrivain et médecin, appartenant au mouvement surréaliste. Celle-ci oscillera plusieurs années entre les deux hommes, au gré sans doute des moments de présence en France de Georges Limbour, entre deux missions qui l’emmèneront enseigner la philosophie à Koritza (Albanie) à partir de 1926, en Égypte en 1929, à Varsovie à partir de 1930. Bianca mourra en 1931, chutant depuis une falaise à Carqueiranne (Var) dans des circonstances qui ont fait évoquer un suicide.

Si Georges Limbour n’a jamais cessé d’écrire des poésies, qui seront pour la plupart éditées bien plus tard, au tournant des années 1930 il se lance dans une carrière de romancier et de nouvelliste.

On retrouve Georges Limbour en 1938 enseignant à Parthenay (Deux-Sèvres), avant que la guerre n’éclate et qu’il ne soit mobilisé. Libéré après l’armistice, il revient à Parthenay d’où il est expulsé par les autorités d’occupation.

En 1943, Georges Limbour présente son ami Jean DUBUFFET, artiste encore quasiment inconnu, à Jean PAULHAN, écrivain, critique littéraire et éditeur, une rencontre qui va s’avérer décisive dans la carrière de Dubuffet. Limbour, quant à lui, est nommé professeur à Dieppe, où il restera jusqu’en 1955, fréquentant Georges BRAQUE qui vit pas loin de là, dans sa maison de Varengeville-sur-Mer.

Après 1948, il devient régent d’Ocupodonomie poétique et polaire du collège de Pataphysique. C’est une époque où, en plus de son activité littéraire habituelle, il publie de très nombreux articles, préfaces, chroniques, dans de nombreux ouvrages ou revues artistiques, littéraires ou journaux (comme « L’Express » ou « France Observateur », ancêtre du « Nouvel Observateur »), parfois sous des pseudonymes : Garance, Antimoine Chevalet, André Lacombe, etc.

En 1955, il obtient son dernier poste d’enseignant, au lycée Jean-Baptiste-Say, proche de la porte d’Auteuil, dans le XVIème arrondissement de Paris, où il se rend à moto.

En 1960, il est un des signataires du « Manifeste des 121 » sur le droit à l’insoumission dans le cadre de la guerre d’Algérie.

Il meurt, à l’âge de 69 ans, en Andalousie, non loin de Cadix, dans ce pays où il aimait se retirer près du soleil et de la mer, « ces deux forces qu’il vénérait plus que tout au monde » (André Masson).

Outre de nombreux poèmes, il était l’auteur d’une dizaine de romans et nouvelles, la plupart publiés chez Gallimard, et dont les plus connus sont sans doute « Les Vanilliers » (1938, prix Rencontre), « La pie voleuse » (1939) ou « L’enfant polaire » (récit de 1921 publié en 1945). On peut y ajouter deux pièces de théâtre et quelques ouvrages sur la peinture…

« Les aveugles chez qui l'attentat contre la pudeur de nos poèmes s'exerce, me donnent volontiers tel ou tel maître. Ils se trompent. Jamais leur maladroite canne blanche n'a touché Limbour, mon maître véritable » (Jean COCTEAU).

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 30/10/2022