René de SAINT-DELIS

de naissance Eugène, Marie, René Liénard de Saint-Delis

26/11/1876 Saint-Omer (Pas-de-Calais) – 14/01/1958 Étretat (Seine-Maritime)

Élève lycée de garçons (1889 – 1894)

Peintre


Portrait par Othon FRIESZ. 1904. MuMa – Le Havre

René de Saint-Delis naît dans le Pas-de-Calais, en Artois flamand. Sa famille est d’origine picarde. Son père, Antoine Liénard de Saint-Delis, est officier de dragons, et est marié avec Antoinette (ou Emma) HOUËL. Le couple a quatre enfants, dont notamment un fils plus jeune que René, Henri. En 1881, alors que René n’a encore que 5 ans, son père décède d’une maladie. En 1882 ou 1883, Madame de Saint-Delis décide de déménager avec ses enfants pour se rapprocher de sa sœur, qui vit au Havre, et elle s’installe au 64 rue Augustin-Normand, près des chantiers navals.

Le jeune René va suivre les cours de notre lycée pendant cinq ans, entre ses treize et ses dix-huit ans. S’il semble avoir des prédispositions pour les activités sportives, il en a beaucoup moins pour l’école, si ce n’est pour le dessin pour lequel il obtient un premier prix. Lorsqu’il quitte le lycée, il devient momentanément clerc de notaire. En 1896, dans le même temps que son jeune frère Henri de Saint-Delis et que leur ami de lycée Othon FRIESZ, il s’inscrit à l’École des Beaux Arts du Havre, où ils vont tous trois suivre les cours de Charles LHUILLIER (« un admirateur de [Eugène] BOUDIN ») et y côtoyer quelques élèves promis à un brillant avenir, dont Raoul DUFY, Raimond LECOURT et, peut-être, Georges BRAQUE (ce point est discuté). En 1899, René de Saint-Delis obtient le 2ème prix de dessin d'après nature et d'après l'antique pour le cours supérieur, ainsi que le 3ème prix de composition décorative.

Puis, il quitte Le Havre pour Paris et s’inscrit à l’Académie JULIAN, où il suit les cours de William BOUGUEREAU et de Gabriel FERRIER, puis, dès 1901, il intègre l’École nationale des Beaux-Arts de Paris, où il va étudier pendant deux ans. De retour au Havre, il va, à partir de 1904, partager avec son frère Henri un atelier dans le quartier Saint-François, à l’Hôtel Suisse, à l’angle du quai Michel-Féré et de la rue de la Crique… La première période dans l'œuvre de René de Saint-Delis se constitue ainsi de marines peintes au Havre.

Bateau de pêche dans le port de Trouville. 1902.

Dès 1901, René de Saint-Delis expose abondamment dans de nombreux salons. Il participe, avec notamment Othon Friesz et son frère Henri, à l'aventure du « Cercle de l'art moderne du Havre » en 1906, présente des œuvres à toutes les expositions du Cercle. C’est une époque où il est très marqué par l’« impressionnisme », comme il le sera ensuite par le « néo-impressionnisme ». Bientôt, il sera attiré par le « fauvisme ».

En 1910, René de Saint-Delis est dégagé de ses obligations militaires, ce qui va lui éviter d’être envoyé au front lorsque va éclater la guerre. Il est affecté en 1915 à la 3ème section territoriale d'infirmiers militaires à Étretat, alors en Seine-Inférieure (il est précisément secrétaire-comptable de l'hôpital 111). Il va y réaliser de nombreux croquis. C’est là qu’il rencontre Jeanne FIDELIN, une jeune étretataise de 20 ans, infirmière dans cet hôpital auxiliaire et fille d’un médecin local. Il l’épousera en 1919.

Étretat sous la neige. Vers 1930. MuMa – Le Havre

Entre 1916 et 1919, il effectue plusieurs voyages en Suisse, à Leysin, pour rendre visite à son frère qui y soigne une tuberculose. À ces occasions, il peint des paysages du pays vaudois. Après son mariage, il s’installe définitivement à Étretat, rue George V. Il peint alors la vie quotidienne des pêcheurs, la mer vue des falaises, les vergers et les pâturages qui constituent la campagne cauchoise. Son style s’est affirmé peu à peu, marqué par le primat du dessin sur la couleur. Il est totalement indifférent à la mode. Des dessins noircissent ses carnets et précèdent la réalisation à l'huile ou à l'aquarelle. Il est décrit comme « modeste, vivant retiré et se souciant peu d'être connu, réalisant dans l'ombre une œuvre abondante et originale ». Si Étretat est pour lui un sujet de prédilection, il va se tourner, au crépuscule de sa vie, vers les natures mortes à partir de compositions souvent imaginées par son épouse, un exercice dans lequel il va exceller. Il vend ses toiles à de nombreux collectionneurs, notamment entre 1924 et 1947. En 1949, René de Saint-Delis sera très affecté par le décès de son petit frère Henri.

Le rosier.
Nature morte au samovar et aux fruits.

Il meurt quant à lui à l’âge de 81 ans, peu après avoir donné des conseils au peintre fécampois Jef FRIBOULET.

Femme et enfant sur la plage.

Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 07/10/2025