Henri de SAINT-DELIS

de naissance Marie, Isidore, Henri Liénard de Saint-Delis

4/04/1878 Marconne (Pas-de-Calais) – 15/11/1949 Honfleur (Calvados)

Élève lycée de garçons (1889 – 1894)

Peintre


Portrait par Jules AUSSET. 1929. MuMa – Le Havre

Henri de Saint-Delis naît dans le département du Pas-de-Calais, à deux pas de la petite ville artésienne d’Hesdin, dans une famille originaire de Picardie. Il est le dernier des quatre enfants d’Antoine Liénard de Saint-Delis, officier de dragons, et Antoinette (ou Emma) HOUËL. Dès 1881, alors qu’il n’a que 3 ans, il perd son père des suites d’une maladie, et la famille, dont son frère aîné René, déménage au Havre, où vit la sœur de Madame de Saint-Delis et où elle s’installe 64 rue Augustin-Normand, tout près des chantiers navals.

Henri de Saint-Delis, après un début de scolarité à l’institution Saint-Joseph, va, à partir de 1889, suivre les cours de notre lycée, où il brillera en dessin, obtenant le premier prix en 5ème (1893) et en 4ème (1894). Il va s’y lier immédiatement d’amitié avec Othon FRIESZ, qui est dans la même classe que lui et avec qui il va suivre les cours, dès 1896, en même temps notamment que Georges BRAQUE (point discuté par certains auteurs), Raoul DUFY, Jules AUSSET, Albert COPIEUX et son frère René de SAINT-DELIS, du peintre Charles LHUILLIER à l’École des Beaux-Arts du Havre. Est-ce dès cette époque qu’Othon Friesz affirmera : « Henri de Saint-Delis est le meilleur d’entre nous ». L'artiste en herbe reçoit en juillet 1899 le 3ème prix du cours supérieur de dessin d'après nature et d'après l'antique, et le 1er prix du cours d'anatomie.

Le prieuré de Graville. MuMA – Le Havre

Puis, comme nombre de ses amis, il finit, en 1899, par monter à la capitale, choisit de travailler à l’Académie JULIAN, dans l’atelier de Benjamin CONSTANT et de Jean-Paul LAURENS. En 1904, il revient au Havre, où il partage un atelier à l’Hôtel Suisse, dans le quartier Saint-François, à l’angle du quai Michel Féré et de la rue de la Crique, avec son frère. Il expose dès 1905 au « Salon des Indépendants », mais est bientôt frappé par une tuberculose rénale.

Il part donc pour la Suisse et va effectuer de nombreux séjours, pendant treize ans, de 1906 à 1919, dans un sanatorium de Leysin où on le soigne par héliothérapie, dans le canton de Vaud. Il y peindra de nombreux paysages de montagnes. Puis, en 1920, il rejoint la région de l’Estuaire de la Seine, où il vivra jusqu’à sa mort.

La Neige en Suisse MuMa – Le Havre

C’est à Honfleur qu’il réalisera toutefois l’essentiel des ses toiles : quelques portraits, quelques natures mortes, mais surtout des paysages.

Le marché de Honfleur MuMa – le Havre
Bateaux de pêche.

Othon Friesz part ensuite peindre seul en Normandie et en Provence, puis, l’année suivante, avec Georges Braque, à l’Estaque (quartier et port de Marseille) et à La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône où son « fauvisme » atteint son apogée. Si, de retour à Paris, Braque se tourne vers Pablo PICASSO, qu’il vient de rencontrer, pour élaborer les fondements du « cubisme », Friesz poursuit sa conversion vers un « naturalisme » influencé par Paul CÉZANNE. Il peint alors des paysages, des natures mortes et des marines, plus traditionnels, tout en conservant de sa période fauve le trait du dessin et les couleurs vives. Il expose alors dans de nombreuses galeries, même à l’étranger.

Pendant ces trente années, Henri de Saint-Delis va vivre modestement, se consacrant à la peinture (huiles sur toiles, mais surtout aquarelles, car il estime que la peinture est trop encombrante pour l’extérieur) et à quelques élèves, dont René PIAGGI. Il n'est, de son vivant, connu que de ses amis, peintres comme lui. En effet, toute sa vie, il gardera ses œuvres, refusant quasiment de les exposer, et plus encore de les vendre.

Il meurt à l’âge de 71 ans, sans avoir donc connu la moindre célébrité, et est inhumé dans le cimetière d’Honfleur.

Le Havre – L’Île-de-France à quai.

Ce n’est qu’en 1954, soit cinq ans après son décès, qu’une exposition rétrospective de son œuvre sera organisée par la galerie André WEIL, 28 avenue Matignon, Paris VIème, et que le talent d’Henri de Saint-Delis sera reconnu.

Sources :

Une rue du Havre, dans le quartier de Sanvic, porte depuis 1956 le nom d’Henri-de-Saint-Delis, ainsi d’ailleurs qu’une rue de Pont-l’Êvêque (Calvados).


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 07/10/2025