Maurice MERLEAU-PONTY


de naissance Jean-Jacques, Maurice Merleau-Ponty
14/03/1908 Rochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure) – 3/05/1961 Paris VIème
Élève lycée de garçons (1918-1922)
Philosophe- Professeur de lycée et d’université


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Né dans le département de Charente-Inférieure (aujourd’hui Charente-Maritime), Maurice Merleau-Ponty est le fils de Bernard, Jean Merleau-Ponty et de son épouse, née Louise BARTHÉ. Il perd son père, capitaine dans l’artillerie coloniale, originaire de Bordeaux, à l’âge de 5 ans. On le rencontre ensuite à Paris, au lycée Jeanson-de-Sailly, qu’il quitte en mars 1918, pour intégrer le lycée du Havre en avril-mai 1918, dans une 6ème A. Au Havre, il vit chez sa mère, directrice de la Crèche havraise, 84 rue Gustave Brindeau. Il est élevé dans la religion catholique romaine et fréquente notre lycée comme externe libre. Il est en seconde en 1921-1922 mais quitte Le Havre pour intégrer à la rentrée 1922 le lycée Louis-le-Grand et y terminer sa scolarité secondaire et sans doute y suivre des classes préparatoires. Il entre ensuite à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, à Paris, où il croise la route de Jean-Paul SARTRE avec qui il noue des liens d’amitié. En 1930, il est classé second à l’agrégation de philosophie…

Il entame une carrière d’enseignant au lycée de Beauvais (1931-1933), puis au lycée Marceau de Chartres (1934-1935), avant de revenir rue d’Ulm comme agrégé-répétiteur (« caïman » en argot normalien).

En 1939, Maurice Merleau-Ponty est mobilisé au 5ème régiment d’infanterie, puis à l’état-major de la 59ème division légère d’infanterie et est blessé en juin 1940. De 1940 à 1944, il enseignera au lycée Carnot de Paris puis, en 1944-1945, en première supérieure (autre nom de la « khâgne ») au lycée Condorcet. En 1945, il soutient une thèse de doctorat ès-lettres à la Sorbonne. Notons que, à l’automne 1940, il a épousé à Paris Suzanne JOLIBOIS, une psychanalyste lacanienne, qui lui donnera dès 1941 une fille, Marianne.

Il est ensuite nommé maître de conférences de philosophie à la faculté des lettres de Lyon en 1945, professeur titulaire de la chaire de philosophie en 1948. À la rentrée 1949, il est maître de conférences de psychologie pédagogique à la faculté des lettres de Paris, où il devient professeur sans chaire en 1950. De 1952 à sa mort, enfin, il est titulaire de la chaire de philosophie du Collège de France, tenue avant lui par Henri BERGSON, Édouard LE ROY ou Louis LAVELLE. Sa conférence inaugurale s’intitule « Éloge de la philosophie ».

À côté de cette brillante carrière pédagogique, Maurice Merleau-Ponty va être un inlassable chercheur dans le domaine de la philosophie, publiant de nombreux ouvrages et articles, proposant des analyses novatrices sur le corps, la perception, le langage. Jeune, élevé dans la religion catholique, il est l’ami du philosophe existentialiste chrétien Gabriel MARCEL (dont la petite fille Odile sera professeur de philosophie dans notre lycée vers la fin des années 1960). Il écrit alors des articles pour la revue chrétienne de gauche « Esprit », mais rompt avec le catholicisme en 1937.

Il va ensuite s’intéresser à la phénoménologie de HUSSERL qu’étaient allés étudier dans les années 1930 en Allemagne Emmanuel LEVINAS, Raymond ARON et Jean-Paul SARTRE. En 1938, le père franciscain Hermann VAN BREDA entreprend de transférer à l’université de Louvain, en Belgique, les archives de Edmund Husserl (40 000 feuillets), d’origine juive, qui vient de mourir et qui était ostracisé par les nazis… Dès le printemps 1939, Maurice Merleau-Ponty en est le premier visiteur étranger et y rencontre le philosophe allemand Eugen FINK, puis en discute avec son ami Jean-Paul SARTRE. En 1942, il publiera « La structure du comportement » puis, en 1945, « Phénoménologie de la perception », tous deux considérés comme des ouvrages majeurs.

Dès octobre 1945, il est membre du comité directeur de la revue « Les temps modernes », fondée par Jean-Paul Sartre et Simone DE BEAUVOIR, éditée chez Gallimard. Il y assure le gros de la rédaction en chef et est éditorialiste politique jusqu’en décembre 1952, époque à la quelle il va se brouiller avec Jean-Paul SARTRE suite à une mésentente quant à la non-publication d’un article, aux positions politiques et à l’attitude qu’il juge de plus en plus autoritaire de Sartre. La rupture entre les deux hommes sera effective en juillet 1953. Simone de Beauvoir parlera de pseudo-sartrisme à l'égard de la philosophie de Maurice Merleau-Ponty, lui reprochant à la fois de s'approprier sa pensée et de la déformer. Quelques temps plus tôt, elle avait pourtant été beaucoup plus élogieuse à son égard : « Il m’apprit à nouveau la gaîté : je ne connaissais personne de gai ; il supportait si allègrement le poids du monde que celui-ci cessa de m’écraser », et, plus loin : « Il ne détestait pas les sorties mondaines et dansait à l’occasion ».

Maurice Merleau-Ponty s’engage également en politique, et fait partie du bureau national de l’UFD (« Union des forces démocratiques »), un cartel mis en place à l’occasion des élections législatives de 1958 qui rassemble la gauche non-communiste et anti-gaulliste.

Dans son cheminement, la philosophie de Merleau-Ponty sera marquée par un constant désaveu de la science : à celle-ci, il reproche son explication aride des phénomènes, et à la psychologie d’occulter la subjectivité dont sont empreintes les données qu’elle a recueillies.

Il meurt brutalement, à l’âge de 53 ans, à sa table de travail sur laquelle était ouverte la « Dioptrique » de René DESCARTES. Il laisse une œuvre considérable et inachevée. Il travaillait alors à ce qui aurait peut-être été son chef-d’œuvre, « Le visible et l’invisible ». Il repose au cimetière du Père-Lachaise, à Paris.

Il était le cousin du philosophe des sciences Jacques Merleau-Ponty.

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 23/12/2022