Joseph, Pierre, René DRILLET
10/12/1920 Le Havre – 3/04/1945 Bergen-Belsen (Allemagne)
Élève lycée de garçons (1931-1937)
Résistant
Déporté
Mort pour la France

Joseph Drillet naît au Havre. Son père est principal clerc d’avoué, et la famille habite 19 rue de Phalsbourg (depuis 1956, rue Gabriel-Péri). Il entre au lycée du Havre le 1/12/1931, en classe de sixième, en provenance de l’école Phalsbourg. Il suit ainsi les traces de son frère Paul, de sept ans son aîné, élève de 1925 à 1928. Joseph est externe libre et catholique. Il va suivre sa scolarité dans notre lycée jusqu’à la seconde, pendant l’année scolaire 1936-1937.
Nous ignorons ce qu’il fait ensuite. On le retrouve en septembre 1940, habitant apparemment au 6 rue Casimir-Delavigne, et il rejoint le cercle de ceux qui, sous la houlette de Gérard MORPAIN, sont en train de former le Groupement de Résistance générale. Il est recruté par Pierre MORGAND (à ne pas confondre avec son grand-père, maire du Havre pendant le premier conflit mondial) et devient sous-chef et moniteur d’un groupe paramilitaire sous les ordres de Jacques HAMON. Il participe à l’action de récupération d’armes et de munitions dans les ruines des casernes havraises Kléber et Éblé et d’explosifs sous les tribunes du HAC-Hockey à Bléville. Joseph Drillet ne sera pas inquiété lors du démantèlement du Groupe Morpain par la police allemande. Il va ensuite rejoindre « L’Heure H » où il devient agent de liaison et va s’occuper de la formation paramilitaire aux côtés de René GANDON. En novembre 1942, il est affilié au réseau « Hamlet-Salesman-Buckmaster » en tant qu’agent P2 (clandestin).
Travaillant comme clerc d’avoué à l’étude de Maître GOSSELIN, il est arrêté sur son lieu de travail le 25 novembre 1942 par la Gestapo, suite à une dénonciation anonyme, pour intelligence avec l’ennemi, transport d’armes et détention de documents sur les ouvrages fortifiés du Havre. Il est incarcéré à la prison du Havre, place Danton, puis transféré à Rouen le 3 décembre 1942. Il y subit des tortures avant d’être transféré à Compiègne (Oise), en janvier 1943. Le 17 ou le 24 janvier (selon les sources), il est déporté dans un train vers le camp de concentration (Konzentrationslager ou KL) de Sachsenhausen, à une trentaine de kilomètres au nord de Berlin, en même temps que ses camarades Pierre Morgand et René Gandon.
Joseph Drillet est affecté au « Kommando Heinkel ». C’est le plus important des « kommandos » extérieurs du camp, qui emploie en permanence 6 000 à 7 000 détenus. C’est le type même de l'usine - camp de concentration. 1 500 civils allemands encadrent les détenus. Des prisonniers de guerre travaillent dans les ateliers jusqu'en mai 1943. Ils sont très soigneusement séparés des déportés. Cette usine d'aviation est située à quelques kilomètres d'Oranienburg – Sachsenhausen et comprend sept halls de fabrication de bombardiers.
Il va ensuite être transféré au KL Natzweiler (en Alsace), et affecté au « Kommando Leonberg », créé non loin de Stuttgart en avril 1944, qui comptera pas loin de 2 500 détenus, dont de nombreux juifs. Deux tunnels d’autoroute désaffectés servent de fabriques de pièces pour les avions « Messerschmitt ». Vers mars-avril 1945, le « Kommando Leonberg » est évacué. 2 000 détenus environ sont transférés en train vers Dachau. 260 autres, dont Joseph Drillet, sont envoyés à pied vers Bergen-Belsen, dans ce qu’on a pu appeler une marche de la Mort.
Joseph Drillet y décède, a priori le 3 avril 1945, à l’âge de 24 ans. Son décès ne sera transcrit que le 16 juin 1949.
Mort pour la France, il est homologué FFC (Forces françaises combattantes) et DIR (déporté, interné, résistant).
Décorations :
Médaille de la Résistance française, à titre posthume (1947)
Le nom de Joseph Drillet est gravé sur le monument aux Morts du lycée François 1er, ainsi que sur le monument Résistance et Déportation, place de l’Hôtel-de-Ville au Havre. Une rue de notre ville, dans le quartier de Tourneville, est baptisée à son nom.
Sources :
- https://www.havrais-en-resistance.fr/annuaire-de-la-resistance-havraise/entry/32498/
- http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=51&pChapitreId=6331&pSousChapitreId=6333
- https://territoires-memoire.be/wp-content/uploads/2024/05/tm-dossiers_camps-sachsenhausen.pdf
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_concentration_de_Natzweiler-Struthof
- Archives du lycée
Écrit par : Jean-Michel Cousin
Le 27/05/2025