Jean, Camille, Édouard COURTEVILLE

21/08/1920 Sainte-Adresse – 30/04/2008 Nice (Alpes-Maritimes)

Élève lycée de garçons (1931-1938)

Officier de marine marchande

Membre des Forces navales françaises libres


Source : marins.fnfl.fr

Né à Sainte-Adresse, où il habite 5 rue de l’Asile-Brévillier chez ses parents (son père est secrétaire général de la CIM [« Compagnie industrielle maritime »]), Jean Courteville entre en sixième dans notre lycée à la rentrée 1931, en tant que demi-pensionnaire. Cinq frères Courteville fréquenteront d’ailleurs l’établissement. Il va y rester jusqu’en première avant d’intégrer, à la rentrée 1938, l’école d’Hydrographie du Havre, rue de l’Alma.

Fin 1939, l’école ferme en raison de la guerre, et ses élèves sont transférés à l’école de Paimpol (Côtes-du-Nord, aujourd’hui Côtes-d’Armor).

Les 17 et 18 juin 1940, de nombreux réfugiés et militaires, fuyant l’avance allemande, sont parvenus à Paimpol. On trouve aussi sur les quais les élèves de l’école d’Hydrographie qui ont reçu l’ordre de s’embarquer sur « Albert Faroult », bateau pilote de Rouen qui doit partir pour l’Angleterre le 18 à 17 heures. Mais un contre-ordre est survenu à 16 heures et le navire va partir sans les étudiants, empêchés de monter à bord par des officiers en uniforme, à quelques exceptions près dont Jean SALIOU.

D’autres navires arrivent à Paimpol dans la nuit du 18 au 19 juin. Parmi eux, accosté quai Loti, un luxueux yacht nommé « Manou », une ancienne goélette de 1912 réarmée en navire de plaisance, venue du Havre avec un seul homme à bord, un certain Marcel GAREL. Le capitaine de la marine marchande Jean LE DEUT parvient à former un équipage et « Manou » quitte Paimpol non sans difficultés le 19 juin juste avant l’arrivée des troupes allemandes, avec une cinquantaine de passagers entassés sur le pont : élèves de l’« Hydro », dont Jean Courteville, étudiants, marins militaires, journalistes et deux femmes anglaises. Le 20 juin, le yacht arrive à Plymouth (Devon, sud-ouest de l’Angleterre), où les passagers sont débarqués. Seuls restent à bord le commandant Le Deut et sept hommes, dont Jean Courteville, qui forment l’équipage du bateau. Celui-ci va rester en rade de Plymouth jusqu’à la fin juillet, avant d’être réquisitionné par les autorités britanniques et transformé en navire porte-ballon de défense anti-aérienne.

Jean Courteville se retrouve alors au service de la Royal Navy, mais il sera considéré que, depuis le 1er juillet 1940, il a rallié la marine marchande de la France libre. Fin août, il est d’ailleurs appelé à participer à l’armement du cargo « Gravelines », un navire de 1924 commandé par Jean Henri SOULÉ, comme second lieutenant.

Le 16 mai 1941, « Gravelines » quitte le port de Halifax (Canada) au sein du convoi HX-127 avec un chargement de bois ou de minerai de fer selon les sources. À 200 milles dans l’ouest de Glasgow (Écosse), le 31 mai, il est torpillé par le sous-marin U-147, commandé par l’Oberleutnant Eberhard WETJEN, et fait naufrage. Treize marins seront portés disparus, dont le commandant, il y aura vingt-cinq rescapés, dont Jean Courteville.

Celui-ci va à présent suivre une courte convalescence dans la maison de repos de Beaconsfield (nord-ouest de Londres), avant de reprendre du service, le 10 juillet 1941, comme lieutenant sur le cargo « Anadyr ». Mis en service en 1930, ayant navigué pour les « Messageries maritimes », commandé par Georges PARANTHOËN, c’est le premier navire de commerce à avoir rejoint la France libre. Il va participer à de nombreux convois sur toutes les mers. Fin mars 1944, le navire quitte New York (États-Unis) pour Bassorah (Irak, sur le Chatt-el-Arab), via le cap de Bonne-Espérance et le golfe Persique, avec un chargement de toluène à destination de l’URSS. Malheureusement, le cargo se retrouve isolé du convoi TJ-30 au large des côtes brésiliennes. Le 6 mai, à 600 milles dans le sud-sud-est de Recife, il est torpillé par le sous-marin U-129, commandé par l’Oberleutnant Richard von HARPE et coule en douze minutes. Six marins sont portés disparus. Huit survivants, dont Jean Courteville, blessé, vont dériver pendant huit ou douze jours (selon les sources) dans une chaloupe avant d’atteindre la côte brésilienne, à Porto de Galhinas, au sud de Recife. Trente-neuf autres rescapés aborderont dans le même secteur deux jours plus tard. Jean Courteville va être hospitalisé au Brésil, puis transféré à Londres via Port of Spain (Trinidad-et-Tobago), New York et Glasgow.

Remis de ses blessures, il embarque, le 14 août 1944, à Kingston-upon-Hull (Yorkshire de l’est, au nord-est de l’Angleterre) sur le cargo « Capo Olmo », bateau italien saisi par la France en juin 1940, un des tous premiers navires de commerce a avoir rejoint la France libre. Il y restera jusqu’au 30 avril 1945. Il sera homologué FFL.

On ne sait rien de la vie de Jean Courteville par la suite, sinon qu’en 1947, il était domicilié au Mesnil-Mauger, dans le Calvados, non loin de Mézidon, et qu’il meurt à l’âge de 87 ans dans le sud de la France.

Décorations :

  • Ordre national de la Légion d’honneur, au grade de chevalier (2004)
  • Croix de guerre 1939-1945
  • Atlantic Star (décoration britannique)

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 20/05/2024