Jean, Emmanuel SALIOU

alias Dickinson

18/01/1920 Le Havre – 08/02/1999 Carantec (29)

Élève lycée de garçons de 1932 à 1937

Élève-officier de la Royal Navy

Officier des Forces navales françaises libres

Marin de commerce

Pilote de Seine


Au Royal Collège de Dartmouth

Né dans notre ville d’un père pilote maritime du Havre, Jean Saliou fréquente notre lycée de la sixième à la seconde. Il commence ensuite une formation de marin de commerce. En juin 1940, il prépare son examen de lieutenant au long cours à l’école d’Hydrographie de Paimpol (22). Le 17 juin, les Allemands sont à Saint-Brieuc et tiennent la ville.

Ce même jour vers 11 heures, le père de Jean Saliou, qui a participé, comme ses collègues, à l’évacuation par la mer de ceux qui voulaient fuir l’avancée allemande (Le Havre est tombé depuis le 13 juin), téléphone à l’amiral PACÉ, directeur de l’école d’Hydrographie de Paimpol. Il est désireux que le moins possible de bateaux-pilotes tombent aux mains des occupants. Paimpol connaît alors une grande agitation : les quais sont encombrés de véhicules ; les navires, chalutiers, remorqueurs se succèdent pour mettre à l’abri les administrations maritimes et les archives des grands ports du Nord. Or, amarrés à couple dans le port, se trouvent « Albert-Faroult » et « Georges-Leverdier », deux pilotes de Seine qui ont quitté Le Havre depuis le 12 juin. Le jeune Jean, qui a tout juste 20 ans, reçoit de son père la directive de partir sur « Albert-Faroult ». L’amiral Pacé encourage ses élèves à rejoindre la France libre et ils seront bien près de 150 à tenter de s’embarquer contre la volonté des autorités, dans une indescriptible pagaille. Le 18 juin, Jean Saliou embarque comme canotier. Pendant l’heure du midi, il arrive à cacher quatre de ses camarades à l’arrière du bateau, tandis que le cuisinier en dissimule cinq autres dans les locaux de l’équipage (d’autres parviendront peut-être à s’embarquer car leur nombre varie selon les sources). Le navire appareille vers 17 heures 30, mais ce n’est qu’au large du phare des Roches-Douvres, entre les îles de Bréhat et de Guernesey, alors qu’il fait route par très beau temps, que les clandestins révèlent leur présence. Parmi eux semblent avoir figuré François FLOHIC, futur amiral et premier aide de camp du général de GAULLE de 1959 à 1964, lorsque celui-ci sera président de la République, et René GOURVIL, lui-aussi originaire du Havre.

Le 19 juin, au petit matin, « Albert-Faroult » atteint Falmouth, en Cornouailles. « Là », écrira François Flohic, « nous avons appris qu’un certain de Gaulle, au nom extraordinaire, avait lancé un appel, la veille au soir ». En Grande-Bretagne, Jean Saliou est admis à la première session du Britannia Royal Naval College (BRNC) à Dartmouth (Devon, dans le sud-ouest de l’Angleterre). Il s’agit d’un établissement de la Royal Navy, destiné à la formation initiale de ses officiers. Il en sort aspirant le 1er janvier 1941 et va dès lors naviguer sur diverses unités de la Marine royale britannique. Le 1er octobre 1941, il est nommé enseigne de vaisseau de 2ème classe et s’engage dans les Forces navales françaises libres.

Il va alors prendre part à la bataille de l’Atlantique, d’abord sur la corvette « Renoncule » (d’octobre 1941 à juillet 1942), puis sur la corvette « Commandant Détroyat » (de juillet à septembre 1942), prenant part à plusieurs convois. De septembre 1942 à décembre 1943, il navigue sur l’aviso « Commandant Duboc » et participe à des opérations dans l’Atlantique sud, dans l’océan Indien et en Méditerranée orientale. En avril 1943, il est nommé enseigne de vaisseau de 1ère classe. Le 9 juillet 1943, il participe au sauvetage des passagers du paquebot « De La Salle », torpillé par le sous-marin U508, dans le golfe de Guinée, alors que, avec le convoi ST71, il allait de Liverpool à Freetown (Sierra Leone).

En décembre 1943, Jean Saliou est affecté, à sa demande, au 1er régiment de Fusiliers marins (1er RFM) et va dorénavant combattre sur terre. Il participe à la campagne d’Italie et est grièvement blessé le 13 mai 1944 à Sant’ Andrea, pendant la bataille du Garigliano. Une fois remis de ses blessures après une longue convalescnce, il retrouve en décembre 1944 un poste en mer, sur l’aviso « Commandant Dominé », jusqu’en juillet 1945. Puis, jusqu’en janvier 1947, il sert successivement sur les porte-avions « Béarn » et « Colossus » (loué à l’Angleterre, bientôt rebaptisé « Arromanches »).

Le 1er décembre 1947, il est rendu à la vie civile et entre comme second capitaine à la Compagnie Générale Transatlantique, puis à la Compagnie des Pétroles. En 1950, il entre à la compagnie du pilotage de Seine où il restera jusqu’à sa retraite.

Il meurt à l’âge de 79 ans.

Grade et décorations :

  • Lieutenant de vaisseau (H)
  • Officier de la Légion d’honneur (1962)
  • Commandeur de l’Ordre national du Mérite (1996)
  • Croix de guerre 1939-1945 avec trois citations
  • Médaille de la Résistance française
  • Médaille des blessés de guerre – Une étoile rouge par blessure
  • Médaille pour acte de courage et de dévouement (ancienne médaille du sauvetage)
  • Chevalier de l’Ordre du Mérite maritime

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 04/08/2023