Jacques, Noël GUYADER

25/12/1920 Le Havre – 7/10/1995 Paris

Élève lycée de garçons (1932-1933)

Résistant – Sous-officier FNFL


Jacques Guyader le 5 juin 1944, entre Titchfield et Warsash. Extrait d’un film du Musée de tradition des Fusiliers marins et Commandos.

Jacques Guyader naît au Havre. Il est le fils de Jacques, Marie, chef-mécanicien de la Marine marchande, et de son épouse, née Anna GUILLOU. Dans ses jeunes années, il sera pendant un an élève de notre lycée, le temps d’y suivre les cours d’une sixième.

On sait peu de choses de l’adolescence de Jacques Guyader. On apprend que, le 10 juin 1941, il épouse Rollande, Louise, Berthe GAVET, qui lui donnera un enfant. Les « récits familiaux » le font entrer dans la Résistance pendant cette année 1941, sans qu’on sache visiblement quel rôle il y tient. Cette activité est suffisamment importante pour qu’il soit arrêté, probablement début 1943, et pour qu’il se sente obligé de gagner ensuite l’Angleterre.

Pour ce faire, il va utiliser, deux mois après son presque homonyme, lui-aussi originaire du Havre, Robert GUIADER , la « filière Sibiril ». Il s’agit d’un réseau d’évasion organisé à Carantec (Finistère), dans la baie de Morlaix, autour de la famille et du chantier naval SIBIRIL. Cette filière fonctionne au sein du réseau Alliance chargé de regrouper et de cacher les agents alliés et une partie des aviateurs abattus au-dessus de la France et de la Belgique. Les candidats au départ sont ensuite convoyés jusqu’en Bretagne, à nouveau cachés, parfois dans la maison des Sibiril, puis embarqués discrètement en pleine nuit. Le 29 mai 1943, Jacques Guyader part sur un petit cotre de six mètres, nommé « Météor ». À son bord, treize évadés qui vont gagner Plymouth après 23 heures d’une navigation éprouvante.

Le 31 mai 1943, il s’engage (volontaire pour la durée de la guerre plus trois mois) dans les Forces navales françaises libres, reçoit une formation aux casernes Surcouf et Bir Hakeim et intègre le 31 décembre le 1er Bataillon de Fusiliers marins commando, constitué depuis 1942 par l’enseigne de vaisseau Philippe KIEFFER, qui va être rapidement promu lieutenant de vaisseau. Jacques Guyader gagne le camp d’entraînement d’Achnaccary, au nord-nord-ouest de l’Écosse. C’est dans ce redoutable centre que les hommes de cette unité sont formés et reçoivent le fameux béret vert. En mai 1944, ils recevront leur insigne : un écu de bronze chargé du brick de l'aventure et barré du poignard des commandos, avec dans le coin senestre la croix de Lorraine et souligné d'une banderole portant l'inscription « 1er Bllon (bataillon) F.M.Commando ». Ils le porteront sur le béret vert « à l'anglaise » c'est-à-dire sur le bord gauche relevé. Appréciant à leur juste valeur les qualités des Français, les Britanniques incorporent le bataillon au sein du Commando n°4 de la Brigade des Forces spéciales. Il aura l'honneur suprême de débarquer le premier en France le jour J.

Le 5 juin 1944, les 177 hommes du « commando Kieffer », sous les ordres de leur chef nommé capitaine de corvette, quittent le camp de Titchfield, entre Portsmouth et Southampton, pour embarquer au tout proche port de Warsash. Le lendemain, vers 7 heures 30, ils débarquent dans le secteur « Sword Beach », au lieu-dit « La Brêche », à Colleville-sur-Orne (aujourd’hui Colleville-Montgomery, dans le Calvados). Jacques Guyader débarque avec la « Troop 8 », une des sections du commando, et se fait remarquer par sa « tenue exemplaire » et sa « classe ». Il obtient la citation suivante, qui lui vaudra l’attribution de la Croix de guerre avec étoile de vermeil, sur ordre du contre-amiral Thierry d’ARGENLIEU: « Commandant le groupe de bren guns (fusils mitrailleurs britanniques), a fait preuve de sang froid et d’un grand courage, donnant ainsi à ses camarades un grand exemple ».

Ouistreham libéré, Jacques Guyader est transféré à la « Troop 1 » du commando. Il va être engagé en Normandie pour les combats du Pont de Ranville, sur le canal de Caen à la mer (nommé aujourd’hui « Pegasus bridge »), du tout proche bourg d’Amfreville, du bois de Bavent (à l’est de l’Orne) et au passage de la Dives. Le 5 septembre 1944, il est élevé au grade de second maître de 2ème classe. Il est présent au commando jusqu’au 15 décembre 1944, et participera sans doute au débarquement, en novembre, du 1er BFMC, dans une opération combinée avec les commandos britanniques, sur l’île de Walcheren (Pays-Bas) et à la prise de Flessingue (en néerlandais Vlisingen). Cette opération avait pour but de dégager le port d’Anvers.

Ses états de service mentionnent ensuite son passage dans un centre médical, à la caserne Bir Hakeim (école navale des FNFL) et à l’État-major londonien des Forces navales en Grande-Bretagne, jusqu’à sa démobilisation, le 18 janvier 1946. Entre temps, le 31 juillet 1945, il a divorcé.

Jacques Guyader va se remarier rapidement. Le 16 juin 1946, il épouse à Londres Audrey THORPE, qui va lui donner deux enfants. La suite de la vie de Jacques Guyader est apparemment aussi mal connue que son adolescence : il va continuer à séjourner quelques temps en Angleterre, puis se rendre en Afrique pour participer à l’aménagement du port d’Abidjan (Côte-d’Ivoire). De retour en France, il va s’investir à la direction des premiers « Salons de l’enfance », salons annuels de pédagogie ludique et d'animations diverses pour les enfants, créés en 1950 au Grand Palais à Paris. Il s’occupe en parallèle de « confection de luxe »

Il sera un fidèle des manifestations anniversaires du 6 juin 1944, divorcera une nouvelle fois le 14 mars 1958, aura un quatrième enfant lors d’une relation avec Jacqueline FISCHLER, se remariera le 7 septembre 1992 avec Marthe, Florence PÉRAT.

Le 1er octobre 1964, il sera élevé au grade de second maître de 1ère classe, au titre de la réserve.

Il meurt à 74 ans, dans les suites d’une intervention chirurgicale, et est inhumé au cimetière Sainte-Marie du Havre.

Décorations :

  • Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil
  • Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre
  • Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945
  • Médaille des évadés (arrêté du 27 octobre 1969)
  • Titulaire de la carte du Combattant (10 juin 1968)
  • Titulaire de la carte de Combattant volontaire de la Résistance (13 août 1970)

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 18/02/2024