André PIGANIOL


17/01/1883 Le Havre – 23/05/1968 Paris XIVème
Élève lycée de garçons (1890-1900)
Historien et archéologue – Professeur d’université


Photo : Wikipédia

André Piganiol vient au monde au Havre. Son père est originaire du Cantal et dirige la Compagnie des Docks et Entrepôts, créée et installée après 1854 au sud du bassin Vauban, puis autour du bassin-dock creusé par la suite (actuel bassin Paul-Vatine), sur des terrains appartenant à la famille PÉRIER. Sa mère est parisienne, mais a été élevée en Angleterre. Il entre au lycée en 1890 en 9ème B, où il obtient le prix d’Excellence, et poursuit des études brillantes : il sera notamment prix d’Honneur de la classe de Rhétorique (1ère littéraire) en 1899 avec un 1er prix d’Histoire qui lui vaut une médaille décernée par la Société des Antiquaires de Normandie, distingué au Concours général 1899 (5ème accessit d’Histoire-Géographie) puis à celui de 1900 (2ème accessit de Dissertation française, 1er accessit d’Histoire, 3ème accessit de Sciences physiques et naturelles), prix d’Excellence de la terminale « Philosophie » 1900 (avec un prix d’Honneur en Dissertation française, un 1er prix d’Histoire, un 1er prix d’Histoire naturelle, un 1er prix de Mathématiques, un 1er prix de Physique-Chimie, un 1er prix d’Histoire de la philosophie, un 2ème accessit d’Allemand). Il obtient son baccalauréat : première partie en 1899 (mention bien), deuxième partie en 1900 (lettres-philosophie, mention très bien). Puis, pour des classes préparatoires, il est étudiant au lycée Louis-le-Grand à Paris. Ceci lui permet d’entrer à l’École Normale Supérieure, où il sera notamment l’élève de René CAGNAT, un historien spécialiste de l’épigraphie latine (étude des inscriptions sur des matières non putrescibles comme la pierre, l’argile ou le métal) et de l’Afrique romaine.

En 1906, André Piganiol obtient l’agrégation, puis se rend, de 1906 à 1909, à l’École française de Rome où il va côtoyer, jusqu’en 1907, Jérôme CARCOPINO. Pendant ces trois années, il visite l’Italie et l’Afrique du nord, y faisant de nombreuses découvertes et entrant en contact avec des savants étrangers, notamment les italiens Ettore PAIS et Gaetano de SANCTIS qui vont l’amener à s’intéresser à la fondation de Rome et au peuplement de l’Italie ancienne.

André Piganiol va alors commencer une carrière d’enseignant. Il est d’abord nommé au lycée d’Alençon (Orne), puis à ceux de Saint-Quentin (Aisne) et de Chambéry (Savoie). En 1914, il est chargé de conférences d’histoire ancienne à l’université de Lille (Nord). En 1916, il soutient sa thèse de doctorat (« Essai sur les origines de Rome »). Il y utilise une méthode comparative associant anthropologie, ethnographie, archéologie, mythologie, topographie, histoire du droit. Il y établit une comparaison entre les civilisations grecque, hébraïque, thrace, phrygienne et romaine. Il semble toutefois qu’il ait alors avancé une interprétation erronée, hâtive diront certains, en attribuant « les tombes à fosses découvertes à Rome à des Sabins d’origine nordique pratiquant l’inhumation et les tombes à puits à des Albains méditerranéens adeptes de l'incinération » (Wikipedia), une conclusion qu’il ne reprendra pas dans ses publications ultérieures. Il publie également la même année une thèse complémentaire intitulée « L’impôt de capitation sous le Bas-Empire ».

En 1919, André Piganiol est nommé chargé de cours à l’université de Strasbourg, récemment redevenue française. De 1925 à 1928, il y sera professeur. Il fonde à Strasbourg l'« Institut d’histoire ancienne » qui prend la suite de l'« Institut für Altertumswissenschaft » (Institut d’études classiques) créé en 1872 par l’Empire allemand.

Il est ensuite appelé à la Sorbonne où il va retrouver Jérôme CARCOPINO, qui va bientôt être nommé professeur titulaire en histoire romaine. André Piganiol est nommé quant à lui maître de conférences d’histoire ancienne. En 1935, il devient professeur titulaire à la Sorbonne, mais enseigne également dans les universités belges de Gand et de Bruxelles et donne des conférences dans les Écoles Normales Supérieures de Paris, Sèvres, Saint-Cloud et Fontenay-aux-Roses. En 1937, il est chargé par la Sorbonne de l’enseignement de l’histoire grecque et romaine, Jérôme CARCOPINO étant parti diriger l’École française de Rome. Il forme à cette époque de très nombreux élèves, dont beaucoup d’étrangers.

En 1942, André Piganiol devient professeur honoraire à la Faculté des lettres de Paris, mais aussi titulaire de la chaire d’histoire de la civilisation romaine au Collège de France… En 1945, il est élu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Parallèlement, il préside nombre de sociétés savantes, des commissions scientifiques, des congrès internationaux, poursuit ses conférences dans des universités étrangères… En 1951, il est nommé directeur de la IIème circonscription (celle de Paris-nord) des antiquités historiques, poste qu’il occupera jusqu’en 1964. Il travaille encore personnellement sur de nombreux chantiers (à Senlis, en Italie, en Tunisie, dans la région d’Orange) et conservera une importante activité scientifique jusqu’à sa mort à l’âge de 85 ans.

Il laisse une œuvre immense, qui intéresse les origines de Rome, les civilisations italiotes (peuple ancien parlant le grec, descendant de colons grecs et ayant diffusé à Rome la culture et la langue grecque), les institutions et la civilisation romaines, du début de la république à la fin de l’empire, les religions romaines, le paganisme et le christianisme, l’histoire et la civilisation grecques, les études épigraphiques et archéologiques. À côté d’un certain nombre d’ouvrages de librairie, André Piganiol écrira de nombreux articles dans les revues auxquelles il collabore (« L’année sociologique », « Les Annales », « La revue historique », « La revue archéologique », « La revue des études anciennes », « Gallia »). Il se posera en contradicteur de l’opinion couramment admise sur la fatalité de la fin de Rome, affirmant : « La civilisation romaine n’est pas morte de sa belle mort, elle a été assassinée ». Il met à ce propos en relief les aspects religieux (triomphe du christianisme, religion internationaliste), administratifs (bureaucratie trop lourde et trop coûteuse aux yeux des Romains), militaires (refus du service militaire par les Romains), et surtout économiques (basculement du centre de gravité économique de la Méditerranée vers les vallées du Rhin et du Danube).

« Si je cherche à définir correctement quelle fut mon œuvre, je reconnais, avec une simplicité très sincère, que ce fut avant tout une œuvre de professeur », écrira André Piganiol.

Il était décoré :

  • de la Légion d’honneur, au grade d’officier (1950).

Il était par ailleurs :

  • Docteur honoris causa de l’université de Gand (5 octobre 1953)
  • Membre correspondant des académies de Mayence et de Munich
  • Médaille d’argent de la société des architectes français pour les fouilles d’Ammaedara (Tunisie)
  • Prix Saintour (décerné par les cinq académies constituant l’Institut de France) pour « Recherches sur les jeux romains »

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 28/11/2022