Roland, Eugène, Charles TERRIER

8/07/1917 Fécamp – 25/07/1976 Fécamp

Élève lycée de garçons (1934-1936)

Membre des Forces navales françaises libres

Sous-officier Marine de guerre

Officier Marine marchande

Compagnon de la Libération


Photo : Ordre de la Libération

Roland Terrier naît à Fécamp. Issu d’une famille de marins, il est le fils d’un capitaine de pêche qui habite dans cette ville, 46 rue des Bassins. Dès 1932, une fois terminée sa troisième, il embarque sur un chalutier comme marin-pêcheur.

De 1934 à 1936, il va être élève de notre lycée, pour y suivre une seconde, puis une année dans la classe de navigation qui y existait à cette époque. En 1938, il est appelé pour un service militaire de deux ans dans la Marine nationale et signe bientôt un engagement supplémentaire de 6 mois. Il sert alors sur le navire-école « Océan », ex-« Jean Bart », un cuirassé mis en service en 1914, désarmé en 1935 et affecté à l’instruction pour l’École des torpilleurs, radiotélégraphistes et électriciens. Breveté radio, Roland Terrier se porte volontaire pour servir dans les sous-marins.

Il embarque donc à Cherbourg (Manche) sur « Sybille », un bâtiment construit au Trait (Seine-Inférieure, aujourd’hui Seine-Maritime), mis en service en 1934 et qui sera coulé le 8 novembre 1942 au large du Maroc. Il ne faut pas confondre ce bateau avec un autre sous-marin français « Sybille », de construction britannique, perdu en mer le 24 septembre 1952 en Méditerranée pendant un exercice.

En septembre 1939, Roland Terrier est affecté, comme quartier-maître radio chef de poste sur le patrouilleur « La Lorientaise », un chalutier armé de la Royal Navy acheté par la France. Celui-ci coulera un sous-marin allemand en février 1940 au large de Cherbourg. Selon certains auteurs, il aurait participé, lors de la débâcle, à plusieurs voyages d’évacuation depuis Dunkerque. Pour d’autres, il avait été fortement endommagé en grenadant une épave, avait été remorqué à Douvres, en Angleterre, puis à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) dès le 2 mai 1940, soit avant le déclenchement de l’offensive allemande, et sabordé le 21 mai (l’évacuation de Dunkerque a commencé le 27 mai)...

En juillet 1940, Roland Terrier se retrouve dans un camp en Grande-Bretagne. Il va traverser les barbelés qui clôturent le camp pour aller s’engager dans le 1er Bataillon de Fusiliers marins récemment créé, sur l’initiative de l’amiral Émile MUSELIER, par le lieutenant de vaisseau (et bientôt capitaine de corvette) Robert DÉTROYAT. Détaché à la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère, il va participer à l’opération de Dakar (Sénégal), au ralliement du Gabon, aux campagnes d’Érythrée et de Syrie jusqu’en juillet 1941.

En janvier 1942, Roland Terrier rejoint la Marine de guerre des Forces navales françaises libres. Il embarque comme quartier-maître chef radio sur la corvette « Alysse » (ex-« HMS Alyssum » de la classe « Flower »), un navire très récent mis à disposition des FNFL par l’Amirauté britannique. Ce navire escorte des convois dans l’Atlantique nord sous le commandement du lieutenant de vaisseau Jacques PÉPIN-LEHALLEUR. Le 9 février, le navire est torpillé par le sous-marin allemand U-654 commandé par l’Oberleutnant zur See Ludwig FORSTER, par 46 22N – 43 42W. 35 des 70 membres de l’équipage sont tués lors du naufrage. Roland Terrier fait partie des rescapés.

De retour en Angleterre, il est affecté au chasseur 43 « Lavandou », un chasseur de sous-marins du groupe de l’île de Wight, commandé par l’enseigne de vaisseau de 1ère classe Yves-Mary BOJU, originaire de Sainte-Adresse. À son bord, il va participer à l’opération « Jubilee », le raid sur Dieppe des Canadiens le 19 août 1942. Puis, son unité est envoyée à Pointe-Noire (Moyen-Congo, aujourd’hui République du Congo) et Port-Gentil (Gabon), où il est pendant six mois second-maître radio.

En octobre 1943, Roland Terrier est affecté au patrouilleur « Président Houduce », un ancien chalutier réquisitionné par la France à Fécamp en septembre 1939, armé comme patrouilleur auxiliaire (matricule P40) et qui assure alors l’escorte des convois d’Afrique. Il va y rester jusqu’en janvier 1944. À cette date, il demande à se faire rapatrier à Alger et rejoint à sa demande Bou Ficha (Tunisie) où il rallie le 1er Régiment de Fusiliers marins qui combat au sein de la 1ère Division française libre. Il est nommé second maître chef de patrouille et rattaché au 3ème escadron de reconnaissance, sous les ordres du lieutenant de vaisseau Jean Brasseur, dit Kermadec, un belge engagé dans les FNFL… Dès avril 1944, il va participer à la campagne d’Italie, et va se faire remarquer pour sa bravoure le 5 juin dans les combats du Ponte Lucano, non loin de Rome, ce qui va lui valoir une citation évoquant son « total mépris du danger ».

Le 16 août 1944, Roland Terrier participe au débarquement en Provence, à Cavalaire (Var). Sa conduite va de nouveau lui valoir une citation : le 23 août, lors des combats pour la prise de Toulon (Var), il réduit au silence un canon antichar positionné sur le Mont-Faron. Il va ensuite participer activement à la campagne des Vosges, puis à celle d’Alsace.

Le conflit terminé, Roland Terrier est démobilisé le 14 novembre 1945, après huit années passées sous les drapeaux, dont cinq au sein des FNFL. Dès octobre 1945, il s’est inscrit à l’École nationale de navigation de Paimpol (Côtes-du-Nord, aujourd’hui Côtes-d’Armor) pour devenir capitaine de la Marine marchande, obtenant son brevet en juin 1947. Entre temps, par décret du 20 janvier 1946, il est nommé Compagnon de la Libération. Il sera homologué FFL. Par ailleurs, il se mariera et deviendra père de trois enfants.

Il reprend la navigation jusqu’en décembre 1950 : second capitaine dans la Grande pêche. Il embarque ensuite sur un gros pétrolier, toujours comme second capitaine. Il obtiendra son premier commandement en 1959 avant, en 1961, d’être recruté par la Direction des Affaires maritimes Normandie – mer du Nord comme inspecteur suppléant de la Navigation, poste qu’il occupera au Havre jusqu’en 1971. Il vivra successivement à Fécamp, à Goderville et à Bréauté.

Il meurt à l’âge de 59 ans. Sa dépouille repose au cimetière de Fécamp. Une plaque en son honneur a été inaugurée par ses deux filles le 2 septembre 2019, au mât de la Libération place de l’Hôtel-de-Ville, dans la même cité.

Décorations :

  • Légion d’honneur au grade de chevalier
  • Croix de la Libération
  • Médaille de la Résistance française (1947)
  • Médaille militaire
  • Croix de guerre 1939-1945 avec cinq citations
  • Médaille coloniale avec agrafe Érythrée
  • Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 18/02/2024