Paul, Samuel ZIGMANT

03/03/1918 Le Havre – 27/07/2007 Pau (64)

Élève lycée de garçons (1924-1939)

Résistant

Interné

Agent des services secrets


Photo de la carte d’identité FFI de Paul Zigmant

Paul Zigmant naît au Havre en 1918 de parents d’origine russe et de confession juive. Récemment immigrés, ceux-ci sont importateurs de fruits de mer. Il va faire toute sa scolarité au lycée de la rue Ancelot, de la classe maternelle à la classe de « philosophie » qu’il redoublera. Nous sommes en 1939 et il est mobilisé sous les drapeaux…

Démobilisé en 1940, il décide immédiatement de s’engager dans la Résistance, et est un des tous premiers membres du « Mouvement de libération nationale » créé à l’automne 1940 à Lyon par Henri FRENAY et Berty ALBRECHT, qui deviendra fin 1941 le groupe « Combat ». En septembre 1941, Paul Zigmant s’engage dans les Forces françaises libres. Il est bientôt délégué régional pour la région de Lyon et y met sur pied l’organisation de l’Armée secrète (AS), qui regroupe des formations paramilitaires des trois plus importants mouvements de Résistance de la zone non-occupée : « Combat », « Libération sud » et « Franc-Tireur ».

En octobre 1942, le colonel Robert BLUM, alias « Beaudricourt », qui a, semble-t-il, créé le groupe « Combat » dans le Var, devient chef de ce même mouvement pour le département de l’Isère. Il n’est autre que le beau-frère de Paul Zigmant, mais ne doit pas être confondu avec un autre Robert Blum, fils unique de l’ancien président du Conseil Léon Blum. L’activité de ce colonel Blum ne passe pas inaperçue et la police allemande de Lyon décide, bien que Grenoble soit dans la zone d’occupation italienne, de procéder à son arrestation. C’est chose faite le 21 janvier 1943. Dégât collatéral : Paul Zigmant, qui rendait visite à son beau-frère, est arrêté en même temps que lui. Tous deux sont emmenés à la prison de Montluc, à Lyon. Ils sont bientôt transférés à Chalon-sur-Saône, puis à la prison de Fresnes, en région parisienne, et enfin à Compiègne. Enfin, le 26 avril 1943, ils sont finalement transférés au tristement célèbre camp d’internement de Drancy, dans la banlieue nord de Paris, installé dans les bâtiments de ce qui aurait dû être un ensemble HBM (Habitations à bon marché).

Le 2 juillet 1943, lorsque l’administration du camp est confiée par l’occupant au non moins tristement célèbre Alois BRUNNER, celui-ci décide de mettre en place une administration juive du camp, destinée à gérer celui-ci à la place des SS. Robert Blum est désigné « chef du bureau administratif », en fait commandant juif du camp. Paul Zigmant semble, quant à lui, faire office de brancardier.

En novembre 1943, les SS découvrent un tunnel creusé au départ d’une cave, destiné à faire évader un grand nombre de prisonniers juifs. Ce tunnel mesure 38,50 mètres et il ne reste plus que 1,50 mètre à creuser. En représailles, 75 cadres de l’administration juive du camp sont déportés le 20 novembre 1943. Parmi eux, Robert Blum qui mourra début 1944 à Auschwitz. Bien qu’ayant participé à cette tentative d’évasion, Paul Zigmant ne sera pas déporté et restera à Drancy.

Le 17 août 1944, après quelques journées de terreur, suite à l’intervention du consul de Suède Raoul NORDLING et au départ d’Alois Brunner, les portes du camp sont ouvertes. Il était temps : les derniers prisonniers devaient être déportés et seul un mouvement de grève des cheminots avait pu empêcher le départ des convois. Dans un article en ligne du journal « Le Monde » daté du 8 août 2006, Paul Zigmant raconte avec émotion sa Libération qui n’a pour lui été qu’une suite de libérations, et parle aussi de son arrestation qu’il décrit comme un grand échec personnel. Sitôt libéré, Paul Zigmant va gagner en camionnette la préfecture de Police de Paris, puis va participer aux combats de la Libération de la capitale au sein du groupe franc « Chevrier », un corps franc de la police.

Reconnu pour ses qualités d’organisation, il entre au ministère des Prisonniers de guerre et Déportés, confié par le général de Gaulle à Henri Frenay, son ancien chef de l’Armée secrète. Puis, la guerre en Europe terminée, il est versé au service Action de la section de liaison française en Extrême-Orient où se poursuit la guerre contre le Japon. En 1953, il est versé au SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage), qui deviendra en 1982 la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure). Dès le début de la guerre d’Algérie, Paul Zigmant va diriger la section Trafic d’armes chargée de lutter contre l’approvisionnement en matériel, armes et munitions du Front de Libération national (FLN).

Il meurt à l’âge de 89 ans.

Décorations :

  • Chevalier de la Légion d’honneur
  • Croix de guerre 1939-1945 avec deux citations et palme
  • Médaille de la Résistance française avec rosette
  • Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre
  • Médaille de l’internement pour faits de Résistance
  • Paul Zigmant est homologué FFC (Forces françaises combattantes), FFL (Forces françaises libres) et DIR (Déportés, internés de la Résistance).

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 04/08/2023