Patrick, Pierre, Bernard LABURTHE-TOLRA


21/04/1952 Paris XIIème – 9/10/2015 Paris XIIème
Élève lycée François-1er (1964-1970)
Chirurgien – Médecin légiste


Document INA
En 1979, Patrick Laburthe-Tolra en mission humanitaire sur l’île de Pulau Bidong, en Malaisie

Après avoir effectué ses classes secondaires dans notre lycée où il obtient un baccalauréat D, Patrick Laburthe-Tolra suit des études à la faculté de Médecine de Rouen. En 1976, il est interne des Hôpitaux périphériques en poste au Havre, puis interne des Hôpitaux de Rouen (major de sa promotion) et il va s’orienter vers la chirurgie générale, se formant à Rouen et à Caen. Chef de clinique, chirurgien des hôpitaux, il restera au Centre Hospitalier Universitaire de Rouen jusqu’en 1986, acquérant également une formation en médecine légale.

Toutefois, dès la fin des années 1970, il s’engage à « Médecins sans Frontières » pour lesquels il effectue des missions humanitaires, notamment en 1979 lorsqu’il fait partie de l’équipe médicale évoluant sur le navire « Île de lumière » qui vient au secours de Vietnamiens réfugiés dans des conditions dramatiques en Malaisie, dans l’île de Pulau Bidong. Parmi ces réfugiés, un médecin vietnamien que Patrick ramènera en France et pour lequel il usera de son influence pour le faire entrer à la faculté de Médecine de Rouen afin qu’il y achève sa formation : il deviendra chirurgien urologue. Puis, en 1980, après un désaccord avec la politique de l’association et son organisation devenant trop bureaucratique, avec son ami Bernard KOUCHNER et quelques autres il est cofondateur de « Médecins du Monde ».

Au début des années 1980, alors que Patrick Laburthe revient d’Afghanistan, « L’Humanité » publie un reportage de Henri ALLEG sur la guerre dans ce pays, qui accuse les « Médecins du Monde » d’anticommunisme borné et évoque ces « étranges praticiens qui ne semblent pas gênés de se trouver en compagnie de gens qui se font une spécialité de brûler les rares hôpitaux et les écoles des villages afghans ». Laburthe décide, avec ses confrères Éric CHEYSSON et Jean-Élie MALKIN et avec l’aide du philosophe André GLUCKSMANN, d’écrire une lettre ouverte à Henri Alleg. Celle-ci, publiée dans « Libération », rappelle à celui-ci son passé de militant pro-FLN en Algérie lorsque, soumis à la torture par des militaires français, « d’étranges praticiens et de non moins étranges intellectuels ont protesté contre les exactions que vous subissiez ». Elle fustige ces « virées d’envoyés spéciaux promenés dans les cieux d’Afghanistan par des pilotes soviétiques », et conclut : « C’en est assez de ce manichéisme primaire qui veut qu’il y ait de bons et de mauvais morts, de bons et de mauvais mutilés selon qu’ils sont, dans le présent, communistes ou résistants afghans. Les morts, les malades et les blessés, des femmes et des enfants le plus souvent, n’ont que faire des catalogues ».

Le 16 juin 1983, en tant que médecin de la Fédération internationale des droits de l’Homme, il dénonce dans les pages du journal « Le Monde » les tortures imposées par la junte chilienne à ses opposants politiques. Il réitérera une telle action le 2 février 1989, dans le même quotidien, suite à un voyage dans la Roumanie de Nicolae CEAUŞESCU, notamment à la rencontre d’une opposante.

Patrick Laburthe-Tolra sera par ailleurs de 1984 à 1992 administrateur du Foyer d’accueil international Léo-Lagrange de Clichy. Il va fonder « AIDES Guyane » (association de lutte contre le SIDA et les hépatites), organiser des cours pour les élèves des collèges sur le SIDA. Il sera co-fondateur des « Enfants de Tchernobyl », association qui va installer à Kiev (Ukraine) un centre de dépistage du cancer de la thyroïde chez les enfants.

En 1991-1992, il est chargé de mission auprès du secrétaire d’État à l’Action humanitaire Bernard Kouchner. Début 1994, il est candidat en 70ème position sur une liste pour les élections européennes intitulée « L’Europe commence à Sarajevo » visant à sensibiliser les politiciens français à l’horreur de la guerre en Bosnie. Cette liste est menée par le Professeur Léon SCHWARTZENBERG, et on y retrouve les noms du philosophe Bernard-Henri LÉVY, de l’ex-amiral Antoine SANGUINETTI, du sociologue Alain TOURAINE, de l’actrice Marina VLADY, du réalisateur Romain GOUPIL, du romancier Pascal BRUCKNER, du philosophe André Glucksmann et de nombreux intellectuels, liste dont le score sera anecdotique.

Le 9 mars 1994, il est nommé chirurgien au centre hospitalier d’Honfleur, à Équemauville. « Beaucoup de gens le connaissaient. C'était un homme qui avait beaucoup d'humour. Son expérience de la vie - dans les moments les plus difficiles - avait forgé son caractère. Les causes qu'il avait défendues faisaient qu'il essayait, à travers l'humour, d'oublier le côté tragique de certaines existences. Il connaissait la fragilité de la vie et de la santé » (Michel LAMARRE, maire de Honfleur, dont il fut l’adjoint à la communication et à la sécurité de 1995 à 2001). Il exerce en même temps les fonctions de médecin-légiste à l’Institut médico-légal de Rouen.

Il meurt à l’âge de 63 ans, alors qu’il avait pris sa retraite.

Il était décoré :

  • de l’Ordre national du Mérite, au grade de chevalier
  • de la médaille de la Jeunesse et des Sports

Un merci tout particulier au Docteur Pierre Laburthe-Tolra, son cousin germain, pour les précieux renseignements fournis.


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 26/12/2022