Maurice CHEVILLARD

25/08/1887 Courtenay (Loiret) – 06/1943 Mantes (alors Seine-et-Oise, aujourd’hui Yvelines)

Élève lycée de garçons (1896-1902)

Pionnier de l’aviation


Photo : Paris-Normandie

Né dans le Gâtinais, fils d’Alfred Chevillard, un huissier de justice, domicilié 33 rue Jules-Lecesne au Havre, Maurice Chevillard va être élève de notre lycée, tout comme ses frères, Henri et Georges. Il intègre l’établissement le 3 octobre 1896, en classe de 8ème (CM1). Contrairement à ses frères, notés comme étant brillants et décrochant des prix d’excellence, Maurice Chevillard est décrit comme un élève moyen. Il obtient tout de même en 7ème un 2ème accessit de français, en 6ème moderne un 1er prix d’allemand et un 1er accessit de français, en 5ème moderne un 2ème prix d’allemand, en 4ème moderne un 2ème accessit d’allemand, en 3ème moderne un 2ème prix d’allemand et un 2ème accessit d’anglais.

Il quitte alors le lycée et devient clerc d’huissier. Mais il va bientôt s’intéresser à l’aviation naissante, obtenir le brevet de pilote n° 385 et il semble que, dès 1910, « ses folles figures aériennes » ébahissent les foules. Il ne semble toutefois pas avoir participé au « Grand meeting de la Baie de Seine » s’étant déroulé le 26 août 1910 au Havre, sur l’hippodrome du Hoc aménagé à cet effet, et où s’illustrent quelques pilotes du cru, comme Léon MOLON, Hubert LATHAM, Marcel PAILLETTE et Robert MIGNOT.

En 1911, alors qu’il dirige le centre d’essais des frères FARMAN à Toussus-le-Noble (aujourd’hui dans les Yvelines, après avoir été en Seine-et-Oise et dans l’Essonne), Maurice Chevillard aurait, selon certaines sources, réussi à boucler un « looping », ce qui est peu vraisemblable. C’est plus souvent à Adolphe PÉGOUD, le 31 août 1913 à Buc (Seine-et-Oise, aujourd’hui Yvelines) aux commandes d’un « Blériot », voire même au russe Piotr NASTEROV, quatre jours auparavant aux commandes d’un « Nieuport », que la première de cette acrobatie aérienne a été attribuée. Il est alors un des rares à effectuer ces figures sur biplan, les autres pilotes préférant le monoplan. Le 9 novembre 1913, après des vols en Angleterre, en Norvège, en Suède et au Danemark, Maurice Chevillard réalisera, à Juvisy (Seine-et-Oise, aujourd’hui Essonne) et malgré des conditions atmosphériques très peu favorables, une brillante démonstration de vol sur son biplan « Farman MF.7 » équipé d’un moteur « Rhône » de 80 chevaux et d’une hélice « Chauvière », avec notamment un vol inversé, quelques mois après qu’Adolphe Pégoud a réalisé pour la première fois cette prouesse. Certaines sources affirment qu’il aurait également réussi à enchaîner cinq « loopings » consécutifs. Pour d’autres sources, c’est peu après, à Ans, près de Liège (Belgique), les 23 et 24 novembre, qu’il aurait réalisé pour la première fois un « looping », ce qui lui vaut le surnom de « jongleur en aéroplane ». Le 15 décembre, il fait frissonner le public de Lausanne (Suisse). Il serait également allé en Italie.

Début 1914, il est à Rouen, s’élevant à plus de mille mètres d’altitude, au point de disparaître dans les nuages. Le mercredi 7 janvier, Maurice Chevillard est au Havre où il vient examiner les dispositions prises en vue de son exhibition qui doit avoir lieu le lendemain, au Hoc. Puis il repart en train pour Rouen-Le Madrillet où se trouve son avion. Le jeudi 8 janvier, à 11 heures 15, après une heure et demie de vol, Maurice Chevillard, accompagné par son mécanicien, FOREST, atterrit sur l’aérodrome du Hoc. Le temps est gris, humide, la pelouse est détrempée, ce qui n’empêche pas 9 500 personnes de venir assister au spectacle. À partir de 15 heures, il se livre à une démonstration vertigineuse de voltige aérienne, filmée par des caméras. Il repart rapidement, devant voler le lendemain à La Haye (Pays-Bas). Une projection du film sera faite le 9 janvier au cinéma « Gaumont », 123 boulevard de Strasbourg.

Que sera la première guerre mondiale pour Maurice Chevillard ? On sait qu’il la terminera comme sergent après avoir été capturé dès le début des hostilités, et on le retrouve, le 8 février 1919 à bord d’un bombardier « Goliath Farman » converti en « Aérobus » pour douze passagers, et participant, comme simple passager, à un vol Paris-Londres. Il dira, à cette occasion : «Je me souvenais des randonnées de jadis dans le vent, le froid, l’incommodité permanente. Et là, j’étais le brave voyageur avec son sac, son vêtement de ville, allant et venant dans la carlingue, jouant aux cartes, allumant sa cigarette paisiblement, volant en un mot à quelques milliers de mètres de terre avec la même désinvolture que si je me trouvais dans un chemin de fer. Et ça, plus que tout, était pour moi une nouveauté, que dis-je ? une révolution!».

La suite de sa vie semble ne pas avoir laissé beaucoup de traces. Il continuera sa carrière d’aviateur professionnel jusqu’à la fin des années 1920. Il deviendra vice-président de l’Aéro-club de Mantes-la-Jolie.

Il meurt à l’âge de 55 ans.

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 28/06/2024