Martial, Joseph, André GUEROULT


15/12/1891 Le Havre – 13/08/1976 Paris
Élève lycée de garçons (1902-1909)
Membre de l'Association dès 1909
Philosophe – Historien de la philosophie
Professeur d’Université


Photo : Babelio

Né au Havre, Martial Gueroult est élève de notre lycée, où il entre en 6ème A à la rentrée 1902. Il s’y montrera d’emblée plutôt bon élève, récompensé en fin d’année par un 3ème accessit d’Histoire et de dessin d’imitation. En même temps, il répond à sa vocation musicale en fréquentant le Conservatoire du Havre où il côtoie le jeune Arthur HONEGGER. Il continue son cursus sans accroc notable, recevant en fin de seconde, à la distribution des prix de 1907, un 1er prix d’Histoire, un 1er accessit de Physique, des seconds accessits en Composition française, en thème latin et en dessin d’imitation. Il parvient, en 1912, à intégrer l’École Normale Supérieure, mais est presque immédiatement appelé pour trois ans de service militaire.

Déjà sous les drapeaux, il est mobilisé le 2 août 1914, dès l’ordre de mobilisation générale donné, et est rapidement envoyé vers le front. Le 20 août, Martial Gueroult est blessé pendant la « bataille de Lorraine », à Biderstroff (Moselle) : il reçoit une balle dans la tête et est laissé pour mort. Il est tout de même emporté jusqu’à un poste de secours qui est bientôt la cible d’une attaque ennemie et les fantassins allemands achèvent de nombreux blessés. Martial Gueroult a la chance d’être parmi les trois blessés survivants sur les trente présents, ayant été épargné par les tirs. À cette première chance s’en ajoute une deuxième : la balle qui l’a touché à la tête n’a provoqué aucune lésion cérébrale. Soigné par des médecins allemands, il va passer le reste de la guerre en captivité en Allemagne, où il commence la rédaction d’une thèse sur Johann FICHTE, philosophe allemand du XIXème siècle, un des fondateurs de l’« Idéalisme allemand ».

La guerre terminée, de retour en France, Martial Gueroult réintègre « Normale sup » en mars 1919 et décroche l’agrégation de philosophie la même année. En 1920, il est nommé professeur au lycée de Chartres (Eure-et-Loire) puis part en 1922 enseigner l’histoire de la philosophie générale à l’université de Strasbourg (Bas-Rhin). Déprimé, il quitte l’Alsace dès 1923 pour un nouveau poste dans un lycée, à Vendôme (Loir-et-Cher) où il va rester six ans. En 1929, il regagne l’université de Strasbourg où il va enseigner de nombreuses années.

Bien qu’il ait présenté dès 1922 sa thèse de doctorat, « L’évolution et la structure de la doctrine de la science chez Fichte », il ne la soutiendra qu’en 1930. En 1940, il suit le repli de l’université de Strasbourg à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). En 1945, il est nommé à la Sorbonne, où il occupe la chaire précédemment tenue par Léon BRUNSCHVICG. En 1951, il rejoint le Collège de France où il succède à Étienne GILSON, et baptise sa chaire « Histoire et technologie des systèmes philosophiques » (il y restera jusqu’en 1962, à l’âge de la retraite). En 1953, il entre au conseil du Cercle culturel de Royaumont (actuellement dans le Val-d’Oise) où il va présider le Comité des colloques philosophiques internationaux. Enfin, en 1957, il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques (donc membre de l'Institut).

En 1963, Martial Gueroult est élu membre associé de l’Académie royale de Belgique et, en 1963-1964, il est professeur-visiteur à l’université libre de Bruxelles. En 1968, il sera nommé membre étranger de l’Académie bavaroise des sciences. Il semble également qu’il ait travaillé pour l’université de São Paulo, sans doute la raison pour laquelle il possédait la nationalité brésilienne.

Il meurt à l’âge de 84 ans

Il laisse une œuvre importante consacrée à l’histoire de la philosophie et à une réflexion philosophique sur cette histoire, deux choses qu’il considère comme inséparables, œuvre dans laquelle on peut en gros distinguer deux blocs : la philosophie kantienne et post-kantienne ; la philosophie du XVIIème siècle. Il publie de nombreux articles, des ouvrages de librairie monumentaux en plusieurs volumes dont les articles peuvent souvent être considérés comme des appendices.

Il était décoré :

  • de la Légion d’honneur au grade de chevalier, à titre militaire
  • de l’Ordre des Palmes académiques, au grade de commandeur
  • de la Croix de guerre 1914-1918
  • de la Croix de guerre 1939-1945

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 28/11/2022