Marc, Gustave, Henri MÉNÉGOZ


dit Marco
alias « Henri » ou « Paul » dans la clandestinité
1/08/1927 Paris XIVème – 21/07/1944 Arbonne-la-Forêt (Seine-et-Marne)
Élève lycée de garçons (1934-1940)
Élève à l’annexe d’Étretat (1940-1941)
Poète – Résistant


Photo :
https://www.havrais-en-resistance.fr/editeur/entry/34015/?pagenum=108

Fils de Pierre Ménégoz et de Gabrielle GÉNESTAL DU CHAUMEIL, une institutrice elle-même fille de Henry Génestal, Marc Ménégoz se trouve donc être le petit-fils de celui-ci, qui a été maire du Havre de 1908 à 1914. Il vient au monde un peu plus d’un an après son frère aîné Robert, né à Saint-Contest, dans le Calvados.

Marco entre dans notre lycée en 1934, en classe de 10ème (CE1) et suit le reste de sa scolarité primaire au « Petit lycée ». À la rentrée 1940, pour son entrée en 6ème, il est transféré à l’annexe d’Étretat du lycée du Havre.

À la rentrée 1941, il intègre, à Saint-Germain-en-Laye (dans les actuelles Yvelines), le « Collège universitaire » (qui deviendra en 1943 le lycée Claude DEBUSSY, puis en 1948 le lycée Marcel ROBY, le nom de Debussy étant alors attribué au lycée de jeunes filles. La fusion des deux établissements, en 1997, donnera naissance au lycée Jeanne D’ALBRET).

On retrouve ensuite Marc Ménégoz à Lisieux puis, fin 1943, il regagne Paris. Il a 16 ans et, déjà, sa vocation littéraire s’affirme. Depuis un peu plus d’un an, il écrit des poèmes, ce qui l’amène, par l’intermédiaire de son frère, à rencontrer des écrivains surréalistes. Ses œuvres ne doivent pas manquer de qualité puisqu’elles sont publiées, notamment, dans « La main à plume », revue dirigée par Robert RIUS, qui attire notamment des écrivains comme Paul ÉLUARD (qui y publiera son célèbre « Liberté ») ou Maurice NADEAU et des peintres comme Pablo PICASSO, ou bien encore dans « Les feuillets du quatre-vingt-un ». « Dans le groupe de jeunes poètes qu’il fréquenta pendant les quelques mois de son séjour à Paris, il était à la fois le plus jeune et le mieux doué. Il rêvait d’une poésie dévouée à l’expression volontairement incontrôlée d’une conscience située en dehors des évènements sordides et détestables, d’une idéale liberté de s’exprimer et d’être et ne voulait pas d’autre part, rester en dehors de la lutte pratique pour la liberté qui consistait alors à combattre l’armée allemande par tous les moyens » écrira à son propos le poète, écrivain et résistant Jean-François CHABRUN.

C’est donc tout naturellement que Marco va, à l’instar de ses amis du mouvement surréaliste, rejoindre, en forêt de Fontainebleau, le maquis d’Achères-la-Forêt (Seine-et-Marne). Celui-ci est fondé, en avril 1944, par André PRENANT, un étudiant en géographie de 19 ans, militant communiste et membre de l’État-major parisien des « Francs-tireurs et Partisans français » (FTPF). Jean-François Chabrun insiste sur la valeur de cet engagement au moment où, « en France, les principaux surréalistes s’enfuirent devant les Nazis ». On croise dans ce petit maquis des écrivains : le corse Charles-Jean SIMONPOLI (dit « Couturier »), 33 ans ; Robert Rius, 30 ans, déjà cité ; Marc Ménégoz (dit « Henri » ou « Paul »). On y trouve aussi son frère, Robert Ménégoz (dit « Rouvier »), Laurent POLI (dit « Julien »), garde-forestier à Achères-la-Forêt, Germinal MATTA (dit « Jacques », militant communiste de 19 ans), et quelques autres. Laurent Poli connaît parfaitement les lieux, ce qui lui permet de cacher les volontaires venus de Paris dans un endroit sûr, la grotte du Rocher-de-la-Reine. Mais l’armement est modeste ; deux revolvers et quelques poignards… Le ravitaillement en nourriture et en eau est difficile. Mais tous espèrent un parachutage venu de Londres.

Charles-Jean Simonpoli entre en contact avec un homme se prétendant en relation avec le BOA (« Bureau des opérations aériennes »), chargé de rationaliser les liaisons entre la Résistance intérieure et la France libre. Il s’agissait malheureusement d’un traître. Le 4 juillet 1944, alors que André Prenant et Robert Ménégoz sont à Paris, Robert Rius, Charles-Jean Simonpoli, Laurent Poli, Germinal Matta et Marc Ménégoz se rendent en un lieu supposé de parachutage. Dénoncés par le faux-agent du BOA et un laitier d’Achères, ils tombent dans un guet-apens tendu par la Gestapo et la Milice. Emprisonnés à Fontainebleau ainsi que des otages et des Résistants d’autres maquis, torturés, jugés sommairement, ils sont condamnés à mort et exécutés le 21 juillet 1944. Dix-sept autres maquisards le sont en même temps qu’eux, puis quatorze autres le 17 août, la Gestapo de Melun ayant ainsi fait tomber les maquis de la région.

En décembre 1944, l’armée américaine découvre deux charniers dans la plaine de Chanfroy sur la commune d’Arbonne-la-Forêt. Trente-six corps seront extraits du sol. Pierre Ménégoz, qui avait été chef de la Résistance dans l’arrondissement de Lisieux, aura la douloureuse tâche d’identifier le corps de son fils, décédé peu avant ses 17 ans, avant son inhumation dans le cimetière de Fontainebleau le 14 décembre, au cours d’obsèques nationales pour toutes les victimes de Chanfroy, en présence de François de MENTHON, ministre de la Justice du gouvernement provisoire de la République française, et du général Pierre BILLOTTE.

Marc Ménégoz sera homologué « soldat des Forces Françaises de l’Intérieur » comme volontaire engagé dans les FTPF. Le 25 avril 1950, il recevra la mention « Mort pour la France ». En 1964, il sera reconnu « interné politique ». Enfin, la Médaille de la Résistance française lui sera attribuée par décret du J.O. du 17 janvier 1969.

Sur l’emplacement du charnier de la plaine de Chanfroy, un monument commémore aujourd’hui les massacres des 21 juillet et 17 août 1944.

Une plaque commémorative des fonctionnaires, élèves et anciens élèves morts pour la France porte son nom au lycée Jeanne-d’Albret de Saint-Germain-en-Laye, ainsi d’ailleurs que celui de Philippe BOLIFRAUD, lui-aussi ancien élève de notre lycée.

Sources :

Un merci particulier à Madame Marie-Pierre PILLET, ex-proviseur de lycée François 1er, qui nous a fait découvrir lors d’une conférence l’existence de Marc Ménégoz.


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 23/12/2022