Jean-François DUPONT


23/09/1918 Le Havre – 20/09/2005 Le Havre
Élève lycée de garçons (1933-1935)
Membre des Forces navales françaises libres
Officier de la Marine marchande
Écrivain


Photo : Nicolas DUPONT-DANICAN

Jean-François Dupont naît au Havre pendant que son père est au front. Il est baptisé le 15 janvier 1919 en l’église Saint-Nicolas-de-l’Eure. Son parrain est son grand-père Georges CAILLARD, de la fameuse entreprise de forge et d’ajustage qui construit notamment des grues de grande renommée. Sa marraine est sa grand-mère, Charlotte Gabrielle DANICAN-PHILIDOR, issue apparemment d’une famille de négociants en café et de musiciens...

Il va suivre une scolarité assez « voyageuse ». De 1923 à 1927, il va suivre les cours des demoiselles JOISSON, rue (Pierre ou Félix) Faure, au Havre. De 1928 à 1933, il fréquente l’établissement privé catholique Saint-Jean-de-Béthune à Versailles (aujourd’hui association Saint-Jean-Hulst). De 1933 à 1935, le voici dans notre lycée (pour une seconde et une première ?), même s’il terminera l’année scolaire dans un collège de Brighton, en Angleterre. Jean-François Dupont terminera cette scolarité à Caen, suivant les cours de Monsieur LIOT de 1936 à 1938, en première et mathématiques élémentaires. Mais, déjà, il est inscrit maritime. Pendant l’été 1937, il est pilotin sur le pétrolier libanais « Kobad » ; il renouvellera l’expérience en 1938 sur un cargo basé en Algérie, « Saint-Firmin ». Il entre alors comme élève-officier de pont à la « Compagnie d’Orbigny » et embarque, au Havre sur un cargo tout neuf, « Arijon », construit à Hartlepool, sur la côte est de l’Angleterre, qui va l’emmener à Montevideo et Buenos Aires. Ce navire sera torpillé fin 1939.

Jean-François Dupont doit devenir à la rentrée 1939 élève de l’École de la Marine marchande du Havre, située à l’époque rue de l’Alma. Mais, dès le 16 septembre, il est mobilisé à Cherbourg, avant d’être envoyé à Brest pour servir comme matelot-canonnier à bord du cuirassé « Paris ». Là, il va obtenir un brevet d’interprète. Le 16 mars 1940, affecté au patrouilleur « P6 Caraïbe », il part pour Diego Suarez (aujourd’hui Antisiranana), à Madagascar. Le 13 février 1941, il est renvoyé dans ses foyers et embarque sur « Ville de Strasbourg », un paquebot-mixte des « Messageries Maritimes ». Le 7 mars, le paquebot est arraisonné par un croiseur britannique, « HMS Shropshire » et forcé d’entrer au port de Durban, sur la côte est de l’Afrique du sud. C’est à Durban que, le 24 mars 1941, Jean-François Dupont décide de rejoindre la France libre, une décision qui va le faire condamner pour désertion.

Le 9 mai 1941, il rembarque sur « Ville de Strasbourg », passé sous pavillon de l’« Union Castle Line », une compagnie anglaise, comme timonier, puis très vite comme 3ème lieutenant. Le bateau parvient en Angleterre et, le 20 septembre 1941, Jean-François Dupont retrouve à Londres son frère cadet Patrice, né en 1920, connu sous son nom de guerre de Patrice DANICAN (ou Patrick DANNECHAN) et ultérieurement de Michel MOLYNEUX, membre des Forces aériennes françaises libres qui, suite notamment à une blessure à l’œil, devra renoncer à l’aviation et devenir marin, puis agent secret… Il sera plus tard aventurier, entre autres.

Dès septembre 1941, Jean-François Dupont participe à la préparation de l’opération « Biting », le raid sur Bruneval, où il est initialement prévu qu’il soit parachuté comme opérateur-radio. Le raid aura bien lieu, dans la nuit du 27 au 28 février 1942, mais il ne sera pas de la partie. Il est en fait remis entre les mains de l’Amirauté française libre qui veut l’envoyer à l’École navale de Portsmouth. Mais le capitaine de corvette (et futur contre-amiral) Roger WIETZEL lui conseille, plutôt que de devenir un « officier de marine en exil », de remplacer un lieutenant au long cours qui vient d’être tué sur « Châteauroux », un cargo construit en 1921 à Newcastle qui naviguait sous le pavillon de la « Compagnie DELMAS-VIELJEUX » avant d’être saisi par les FNFL. Du 18 octobre 1941 au 21 septembre 1942, Jean-François Dupont va, à bord de ce navire, participer à trois convois dans l’Atlantique, transportant vers la côte ouest de l’Afrique (Freetown en Sierra Leone, Pointe-Noire et Port-Gentil au Congo, Takoradi au Ghana, Lagos au Nigeria), du matériel aéronautique avec lequel des avions sont remontés et s’envolent vers le Moyen-Orient.

De septembre 1942 à février 1943, Jean-François Dupont suit une formation qui lui permet d’acquérir, à Londres, le brevet français de lieutenant de grande navigation. Il embarque alors, avec ce grade, sur « Cuba », ancien paquebot de la ligne des Antilles de la « Compagnie générale transatlantique », qui sert alors sous pavillon anglais armé par la « Cunard ». Ce bateau, utilisé comme transport de troupes, emmène 3 000 hommes à chaque traversée entre les États-Unis et l’Afrique au départ, le Moyen-Orient et les Indes à l’arrivée. Le navire va participer, en octobre 1943, au premier échange de prisonniers, à Barcelone. De l’aveu de Jean-François Dupont lui-même, c’est la seule fois de la guerre qu’il verra des officiers allemands.

Il apprend, en juin 1944, la nouvelle du débarquement en Normandie, alors qu’il se trouve à Kingston (Jamaïque). En juillet 1944, il rejoint Greenock, en Écosse, à bord de « Queen Mary », le grand liner de la « Cunard », devenu lui-aussi transport de troupes (20 000 hommes par traversée). En septembre 1944, retour à New York, cette fois à bord de « Pasteur », un paquebot mis en service juste avant le début des hostilités par la « Compagnie Sud Atlantique » et qui navigue lui-aussi sous le pavillon de la « Cunard ». En novembre 1944, il retrouve « Cuba » pour une traversée transatlantique vers Liverpool, atteint le 30. En janvier 1945, Jean-François Dupont est affecté, à Southampton, sur « Albert-Faroult », bateau-pilote des FNFL, pour une traversée vers Le Havre. Le 24 février 1945, il rentre chez lui, à Montivilliers, après cinq ans d’absence.

Il va alors suivre des cours à l’École de Navigation de Paimpol, et obtient, en mai 1946, son brevet de lieutenant au cabotage.

À partir de 1947, il décide d’utiliser, comme nom d’usage, DUPONT-DANICAN. Il est alors lieutenant à la « Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire » (NCHP) et effectue trois voyages à Madagascar via le canal de Suez sur des cargos-mixtes. Le 20 avril 1950, il est nommé second-maître de manœuvre de réserve. De décembre 1950 à août 1951, il sert sur le liberty-ship « Calais », des « Chargeurs Réunis », qui effectue des transports de troupes vers l’Indochine. Il est ensuite embauché par la « Compagnie des Transports océaniques » (CTO) pour laquelle il navigue sur les côtes d’Afrique, vers l’Australie et le Japon ou vers les États-Unis.

Il retourne alors, en septembre 1953, à Paimpol où il obtient, le 29 décembre 1954, le brevet de capitaine de la Marine marchande. Ensuite, jusqu’en 1955, il navigue, toujours pour le compte de la CTO, dans le Golfe Persique et vers les États-Unis. Puis, de 1955 à 1959, il va servir sur divers caboteurs de la « Société navale caennaise »… Il sera ensuite détaché à la « Compagnie maritime du Sud-Ouest » de 1960 à 1961, puis deviendra second capitaine chargé de l’instruction des jeunes officiers à la « Compagnie Marocaine de navigation » (ou Comanav) de 1962 à 1969 pour laquelle il effectuera notamment deux voyages en Chine avant la Révolution culturelle (commencée en 1966). C’est là qu’il terminera sa carrière, assurant quelques voyages comme commandant entre le Maroc et l’Allemagne. Jean-François Dupont-Danican prend sa retraite en juillet 1969.

Déjà administrateur, depuis 1961, des « Établissements Caillard » après le décès de son père, il sera délégué départemental de la « Société nationale de Sauvetage en mer » (SNSM) de 1972 à 1997. En 1967, il a créé et présidera la « Société archéologique du pays de Caux », tout en étant membre suppléant de la Commission des sites de Haute-Normandie. Il sera membre de la « Société de Vénerie », et présidera la section havraise des Anciens de la France libre.

Doté d’un joli brin de plume, il publiera en 1972 « Termes de construction et de manœuvre des navires » aux éditions Firmin-Didot à Alençon. En 1996, il sera co-auteur avec Pierre JAMME de « Gentilshommes et gentilhommières en pays de Caux », publié par les éditions de la Morande à Paris, qui lui vaudra le prix La Reinty décerné par l’Académie des sciences, belle-lettres et arts de Rouen, remis le 14 décembre 1996. Par ailleurs, avec plusieurs descendants de François-André DANICAN PHILIDOR, compositeur et célèbre joueur d’échecs du XVIIIème siècle, il fonde, en 1988, la « Société d’études Philidoriennes » dont il est secrétaire général, rédacteur du bulletin « La chronique Philidorienne », et co-auteur, en 1995, de l’ouvrage « Les Philidor » paru aux éditions Auguste ZURFLUH à Paris… Il obtiendra enfin, en octobre 2001 aux Journées littéraires du pays de Caux à Yvetot, le « Prix des Nouvelles » pour « L’histoire du petit garçon qui voulait devenir marin ».

Outre qu’il était membre des « Amis de la Varende », devenus « Présence de la Varende », une association littéraire, Jean-François Dupont-Danican écrira de nombreux articles ou donnera de nombreuses conférences sur des sujets aussi divers que le sauvetage en mer, l’histoire de la Marine, la France libre, l’histoire de la Normandie, du pays de Caux ou de la ville du Havre, les musiciens du XVIIIème siècle (notamment les Philidor), la chasse à courre, la trompe de chasse, le cheval, l’ordre de Saint-Lazare de Jérusalem, la défense de la langue française, l’humour normand, etc.

Il meurt trois jours avant ses 87 ans, à la clinique François 1er du Havre.

Décorations

  • Légion d’honneur, au grade de chevalier (14 juillet 1998)
  • Croix de guerre 1939-1945 (27 novembre 1946)
  • Ordre national du Mérite au grade de chevalier (25 février 1989)
  • Ordre du Mérite maritime, au grade de chevalier (21 octobre 1980), puis d’officier (28 mars 1991)
  • Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre (28 juillet 1948)
  • Croix du Combattant (carte n° 142 736 du 6 mars 1986)
  • 1940-45 Star (Grande-Bretagne)
  • Africa Star avec la barrette North Africa (Grande-Bretagne)
  • Italy Star (Grande-Bretagne)
  • Atlantic Star (Grande-Bretagne)
  • 1939-45 War Medal (Grande-Bretagne)

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 06/03/2023