Jean FAVIER


2/04/1932 Paris – 12/08/2014 Paris
Élève lycée de garçons (1937-1941)
Archiviste-Historien médiéviste
Professeur de lycée et d’université


Jean Favier en 2005
Photo : Wikipedia

Né à Paris, Jean Favier, dont la mère est sténo-dactylo, va passer quelques années de son enfance au Havre, où il vit 13 rue Jules-Siegfried, sur le versant nord entre rue du Chillou (dans son tracé d’avant-guerre) et rue Fontenelle. Il va être élève du « Petit lycée» de la classe enfantine (12ème ou grande section de maternelle), en 1937-1938, à la 7ème (CM2) pendant l’année scolaire 1941-1942 (il avait apparemment « sauté » une classe). Il quitte les effectifs de l’établissement le 30 décembre 1941.

Il effectue ses classes secondaires à Paris, dans les lycées Buffon et Henri-IV. Il entre ensuite à l’École nationale des chartes (ENC), dont il va sortir major en 1956 avec un diplôme d’archiviste-paléographe (spécialiste des écritures anciennes), grâce à un travail intitulé « Un conseiller de Philippe le Bel : Enguerrand de Marigny ». De 1956 à 1958, il est membre de l’École française de Rome.

De 1958 à 1961, Jean Favier est conservateur aux Archives nationales. Il obtient alors l’agrégation d’Histoire et va passer deux ans au lycée d’Orléans, puis, de 1962 à 1964, il est attaché de recherche au CNRS (« Centre national de la Recherche scientifique »). En 1967, il devient docteur ès-lettres en soutenant une thèse sur « Les finances pontificales à l’époque du grand Schisme d’Occident ».

Une carrière universitaire s’ouvre devant lui. Déjà maître de conférences à l’université de Rennes (notamment au Centre universitaire de Brest de 1964 à 1966), il est professeur à l’université de Rouen de 1966 à 1969 et directeur d’études d’Histoire administrative et financière du Moyen-Âge occidental à l’« École pratique des Hautes études » (EPHE) de Paris dès 1965 (et ce jusqu’en 1997). De 1969 à 1997, il enseignera à la Sorbonne la paléographie et l’histoire économique médiévales. De 1970 à 1975, il va diriger l’Institut d’histoire de Paris-Sorbonne.

Pendant cette carrière d’enseignant-chercheur, Jean Favier va publier, sous son nom ou parfois le pseudonyme de Michel SICARD, une quantité impressionnante d’ouvrages de haute tenue, qu’il serait fastidieux d’énumérer ici. C’est son « Philippe le Bel », publié en 1978, qui le fait découvrir du public, œuvre qui inaugure une longue série de publications, essentiellement aux éditions Fayard où il va diriger, de 1992 à 1995, l’écriture d’une Histoire de France en six tomes dont il se réserve personnellement le deuxième : « Le temps des principautés. De l’an mil à 1515 ». Il publie également en 1993 un « Dictionnaire de la France médiévale ».

Mais parallèlement à cette carrière, il va entrer dans l’Administration de la Culture et y occuper des postes prestigieux : directeur général des Archives de France (donc directement directeur des Archives nationales) de 1975 à 1994, ce qui va lui permettre de faire promulguer une nouvelle législation sur les archives ; premier président de la Bibliothèque Nationale de France de 1994 à 1997. Il sera également, de 1979 à sa dissolution en 1998, président de l’« Association française pour les célébrations nationales » puis, jusqu’en 2011, du « Haut comité des célébrations nationales » qui lui a succédé, et enfin de 2011 à 2012, du « Haut comité des commémorations nationales »

En 1985, il est élu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qu’il présidera après 1995, au fauteuil de Raymond LEBÈGUE. Il est président de le Commission française pour l’UNESCO et membre du club élitiste « Le siècle ». De 1973 à 1997, il dirige « La revue historique ». Il est conservateur du château de Langeais, propriété de l’Institut. Il anime sur la radio « France Inter » l’émission « Questions pour l’Histoire ». Il est administrateur de la chaîne de télévision TF1 de 1984 à 1987. De 1988 à 2002, il est président de l’« Association des lauréats du Concours général », y succédant à Maurice DRUON. Enfin, de 2007 à 2013, il est le premier président du Comité historique de la ville de Paris. Il est par ailleurs membre de nombreuses sociétés ou associations (Société nationale des Antiquaires de France, Society of Antiquaries of London, Comité des travaux historiques et scientifiques, Commission du Vieux-Paris, Conseil d’administration de l’École Normale Supérieure, comité exécutif de l’Institut Francesco Datini de Prato [Toscane], Mediaeval Academy of America [Cambridge, Massachusetts], Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique [Bruxelles], Institut Grand-Ducal [Luxembourg]).

Il meurt d’un cancer à l’âge de 82 ans. Ses obsèques sont célébrées en l’église Saint-François-Xavier, à Paris VIIème en présence du ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie FILIPETTI qui lui adresse un vibrant hommage : « Il faisait partie de ces historiens lucides, courageux, ennemis de tout préjugé, qui ont renouvelé notre perception d'une époque aussi passionnante et féconde que perturbée ».

Par ailleurs, Jean Favier était un bon organiste amateur, passionné par cet instrument, membre du jury de concours consacrés à sa pratique.

Décorations :

  • Légion d’honneur au grade de Grand croix (14 juillet 2010)
  • Ordre national du Mérite au grade de Grand croix
  • Ordre des Palmes académiques au grade de commandeur
  • Ordre des Arts et des Lettres au grade de commandeur
  • Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne au grade d’officier
  • Ordre de la Couronne de Belgique au grade de commandeur
  • Ordre de la Couronne de chêne (Luxembourg) au grade de commandeur
  • Médaille d'or pour les mérites de la culture et de l'art (Italie)

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 19/12/2022