Amandus, Ferdinand ROESSLER


14/03/1845 Le Havre - ?
Élève collège rue de la Mailleraye jusqu’en 1859
Passionné d’Histoire et d’Archéologie
Comptable


Amandus, Ferdinand Roessler est le fils aîné de Amandus, Ehregott Roessler, sujet prussien né le 21 novembre 1818 à Greiffenberg, en Silésie (province dont la capitale était Breslau, aujourd’hui Wroclaw en Pologne, Greiffenberg se trouvant aujourd’hui en Allemagne, à deux pas de la frontière avec la Pologne) et de Rebecca, Mary PREVOST, une londonienne épousée en Angleterre le 8 juillet 1844. Par la suite, quatre autres enfants, deux garçons (Charles Gustave et Ernest Paul) et deux filles (Emma et Olivia), viendront agrandir la famille.

Dès 1844, Amandus père s’installe comme tailleur d’habits au Havre, la raison de son installation dans cette ville n’étant pas précisée, « la consonance française du nom de son épouse peut fournir une possible explication » (Nutrisco). Il semble avoir conservé la nationalité prussienne car n’apparaît à aucun moment sur les listes électorales.

Amandus fils suit quant à lui sa scolarité au collège du Havre, situé à l’époque rue de la Mailleraye. Il s’y révèle plutôt bon élève et termine son cursus en 1859 avec un prix d’Excellence, un premier prix d’Allemand et un premier prix d’Anglais, les langues natales de ses parents. Il faut dire de plus que la famille Roessler conserve des liens étroits avec les familles restées en Allemagne et en Angleterre. Ainsi, Amandus fils va rendre, en 1857, visite à son oncle paternel Gottlieb, tailleur renommé à Berlin. Il rend également visite à un oncle maternel, opticien à Newhaven…

Son aptitude à la comptabilité et dans les langues, ainsi que les relations de son père, lui permettent d’entrer, dès le 22 mai 1859, au service du négociant havrais DU PASQUIER. Le 1er mai 1860, il change d’employeur, au profit de Gottlieb ROSENLECHER, consul de Hesse, Bade et Wurtemberg au Havre, négociant en vue, directeur de la compagnie d’assurances « Le Neptune ».

Mais, par ailleurs, c’est dès cette année 1859, alors qu’il n’est âgé que de 14 ans, que le jeune homme va entamer la rédaction de « Histoire de la vie d’A.F. Roessler ». Il s’agit en fait d’un journal écrit au jour le jour, illustré de dessins au crayon, à l’encre de Chine et à l’aquarelle, qui décrit les centres d’intérêt, les loisirs, les promenades effectuées par Amandus, souvent accompagné de son ami Alfred LEGAMBIER, parfois aussi par son père. On explore Bléville, Montivilliers, Harfleur, Leure (selon l’orthographe encore usitée à cette époque), les falaises de la Hève. On suit, à Leure, les cours d’horticulture des Jardins-écoles, on suit les conseils de Gustave LENNIER, conservateur du tout nouveau Muséum d’Histoire naturelle. On découvre les baignades, les spectacles, les foires auxquelles le jeune Amandus assiste en incluant des prospectus dans ses cahiers. Ce journal est une mine d’informations sur Le Havre de cette époque et ses environs. Amandus, Ferdinand Roessler se rêve archéologue (rêve qu’il partage avec son frère Charles Gustave) et recueille, tant à l’occasion de ses promenades qu’à celle de recherches à la Bibliothèque municipale (alors installée dans le bâtiment du Musée des Beaux-Arts) une très abondante documentation, notamment sur les vestiges anciens, par exemple les restes, dans la plaine de Leure, de fortifications. Il décrit longuement la tour François 1er, témoin des origines du Havre, dont la démolition va commencer en 1862. Il relate également ses voyages à Londres et à Berlin.

Ce sont au total onze cahiers, rédigés de 1859 à 1867, qui vont constituer ce journal. Devenu adulte, Amandus Roessler adhérera à la « Société française d’Archéologie », confirmant sa passion d’adolescence. Son jeune frère Charles Gustave, resté au Havre, deviendra un archéologue de renom, auteur de plusieurs livres sur les antiquités de la région. Amandus continue quant à lui sa carrière de comptable à l’étranger : Hambourg (Altona), chez « HESSE, NEWMAN & Co », jusqu’en 1872, Londres (Wimbledon) de 1873 à 1878, Amsterdam jusqu’en 1882. Il n’oublie pas alors sa ville natale, puisqu’il est à cette époque membre correspondant de la « Société havraise d’Études diverses » (SHED) dont son frère est membre actif…

Ayant abandonné depuis l’adolescence son journal, Amandus, Ferdinand Roessler va reprendre la plume en 1901 et écrira quelques pages dans le dernier tome, jusqu’en 1910. Il y décrit sa carrière professionnelle. On y apprend notamment que, en 1904-1905, alors qu’il est âgé de 60 ans, il est appelé à exercer ses talents en Indonésie, à Java, avec le projet d’améliorer sa pratique de la langue néerlandaise. En 1906-1907, il est au repos forcé, sans doute pour raisons de santé. On sait qu’il va revenir à Londres en 1910, mais on ignore tout de ce qui se passe ensuite…

Les dernières pages du journal font allusion à d’autres carnets, consacrés à des notes commerciales, qui sont malheureusement perdus. Les onze carnets, quant à eux, ont été retrouvés par hasard en 1981 par des promeneurs anglais dans une poubelle londonienne et acquis en 1983 par la Ville du Havre. Ils sont conservés dans les collections de la Bibliothèque municipale du Havre et ont été numérisés.

Sources :

Une promenade d’Amandus ROESSLER (in Histoire de la vie de A.F. Roesler Volume 1 page 16-17. Bibliothèque municipale du Havre, Ms710).

Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 06/03/2023