Alfred, Jules WEILER


26/09/1901 Villiers-le-Bel (Seine-et-Oise, actuel Val-d’Oise) – 10/12/1961 Montgeron (Seine-et-Oise, actuelle Essonne)
Professeur d’Histoire et de Géographie (Années 1920 – 1936)


Alfred Weiler
Huile sur toile par Jacques PETIT
Lycée de Montgeron

Fils d’un employé de commerce, Alfred Weiler devient professeur d’Histoire et de Géographie, en poste au lycée de garçons du Havre des années 1920 à 1936, selon Gérard VOGEL. Il y fait la connaissance de Marcel-Étienne GINAT, professeur agrégé de Sciences physiques, Compagnon de l’Université nouvelle (« mouvement professionnel d'universitaires lui-même imbriqué dans une organisation plus vaste : l'Association Nationale pour l'Organisation de la Démocratie, qui a défendu des valeurs d'égalité et du mérite au travers d'une réforme de l'enseignement du début du XXème siècle » [Wikipedia]). Avec lui et quelques autres jeunes enseignants dont le philosophe André-Marc BLOCH, Hélène GUÉNOT et ses collègues du lycée de Sèvres, Marie-Anne CARROI, Alfred Weiler va participer à diverses initiatives pour changer la pédagogie des collèges et des lycées. Ils publient ainsi un « Plan de réforme de l’enseignement du second degré » dans la « Revue de l’enseignement des jeunes filles », en diverses livraisons, au cours des années 1934-1935 et 1935-1936.

À cette époque, avec Marcel-Étienne Ginat, il prépare activement le « Congrès pour l’étude des questions relatives à l’organisation de l’enseignement du second degré », qui doit se tenir au Havre, du 31 mai au 4 juin 1936 sous la présidence d’Albert CHÂTELET, recteur de l’Académie de Lille. Survenant juste après la victoire du Front Populaire, pendant les grèves, il réunit tout de même 300 participants : des inspecteurs généraux du primaire et du secondaire, des professeurs du primaire supérieur, du secondaire et du technique, des parents d’élèves et des représentants du monde de l’entreprise. On remarque l’absence de Francisque VIAL, directeur de l’enseignement secondaire. On apprécie par contre la présence de Gustave MONOD, inspecteur d’académie à Paris, et de Paul LANGEVIN. Alfred Weiler va se charger seul de quatre communications, notamment sur « l’emploi du disque phonographique en histoire-géographie » et sur le problème de « l’initiation sexuelle » dont il estime que c’est à l’école de la prendre en charge en lien avec les familles… Il donnera une cinquième communication, avec Marcel-Étienne Ginat, sur l’interdisciplinarité géographie-physique. La synthèse de ce congrès sera la préconisation de quelques orientations : stricte limitation des effectifs des classes, établissements expérimentaux, intégration de l’éducation physique dans la vie scolaire, coordination des spécialités d’enseignement, amélioration de l’autonomie budgétaire des établissements. Ces vœux n’auront pas d’application immédiate, mais vont inspirer des initiatives d’Albert Châtelet quand il est nommé, en décembre 1936, directeur de l’enseignement du second degré par le ministre de l’Éducation nationale, Jean ZAY. Différents décrets et arrêtés vont commencer à mettre en œuvre ces préconisations : rapprochement des filières du secondaire, du primaire supérieur et des écoles pratiques par unification des programmes ; instructions sur les principales missions de l’enseignement du second degré et son contenu fondamentalement humaniste, en insistant sur les méthodes actives ; et surtout mise en place de l’expérimentation de sixièmes d’orientation. Albert Châtelet tient à associer Alfred Weiler à cette politique : ayant créé juste après le congrès du Havre « L’information pédagogique », une revue de l’organisation pédagogique de l’enseignement du second degré, il lui en confiera le secrétariat général en 1937, après la mort prématurée de Marcel-Étienne Ginat.

Quant à sa carrière d’enseignant, Alfred Weiler va être muté au lycée Pierre-Corneille de Rouen. Là, il entreprend de diriger une Histoire de la ville du Havre, sous la présidence de Georges RAVERAT, président de la Chambre de commerce havraise, à partir de documents sur la vie sociale, culturelle, religieuse réunis par Paul LOGIÉ, conservateur de la Bibliothèque municipale. Il est aussi l’auteur, avec Albert DEMANGEON, professeur de Géographie économique à la Sorbonne, de « Les maisons des hommes. De la hutte au gratte-ciel ».

En 1937, Alfred Weiler est muté au lycée Rollin (ancien collège Sainte-Barbe, aujourd’hui lycée Jacques-Decour) à Paris, puis au lycée Henri-IV et au collège Sévigné (établissement privé laïque sous contrat d’association avec l’État). À cette époque, il travaille aux côtés du grand pédagogue qu’est Gustave Monod. Le gouvernement de Vichy lui offre des responsabilités qu’il refuse, et il vivra caché le reste de la guerre.

À la Libération, il entre au comité de rédaction de la revue « Pour l’ère nouvelle », éditée par le GFEN (« Groupe français d’Éducation nouvelle »). Il devient conseiller technique à la direction du second degré, dont Gustave Monod vient de prendre la tête, et le restera jusqu’en 1951. Il est aussi membre permanent de la commission Langevin-Wallon, et fait partie de la délégation, conduite par Henri WALLON qui en remet les conclusions au ministre Marcel-Edmond NAEGELEN le 19 juin 1947. Alfred Weiler est de ceux qui estiment que l’examen d’entrée en sixième est inutile, qu’il faut une homogénéité des classes entre 11 et 13 ans qui ne doivent comporter aucune détermination. Il joue un rôle important dans la mise en place et le suivi des « classes nouvelles », dont il souhaite la généralisation : classes à effectif réduit ; enseignants formant une équipe pédagogique, avec un chef d’équipe ; discipline collective confiée aux élèves. Les disciplines sont envisagées depuis une éducation intégrale, avec un emploi du temps composé des enseignements fondamentaux le matin, des autres enseignements l’après-midi, avec des méthodes pédagogiques « actives ». Il milite pour l’introduction dans les programmes de « l’étude du milieu », pour « transporter l’école dans la vie »… D’ailleurs, dès la rentrée 1946, Alfred Weiler est nommé proviseur du nouveau lycée de Montgeron, une annexe du lycée Henri-IV, pour appliquer concrètement ses idées.

En 1952, le ministère, dirigé à l’époque par André MARIE, le maire de Barentin, supprime les classes nouvelles, généralisant les dispositions pédagogiques et administratives à toutes les sixièmes et cinquièmes, et décidant leur extension aux autres niveaux dans six établissements, dont le lycée de Montgeron, qui devient autonome à la rentrée 1955. Alfred Weiler s’applique alors à développer dans son établissement un enseignement dont la finalité dépasse le domaine cognitif et vise à une éducation de la personnalité, par une accession de l’élève à l’autonomie et à la responsabilité, la découverte des aptitudes et le développement de la sensibilité. Parmi les innovations : la cooptation des équipes de professeurs dans la plupart des classes, les fréquentes réunions de l’équipe pédagogique, les réunions parents-professeurs trimestrielles, le développement de la créativité dans les ateliers de céramique, tissage, reliure, broderie d’art, menuiserie, ferronnerie, les groupes d’activités dirigées les plus variés, de la cuisine au jeu dramatique en passant par l’imprimerie ou la philatélie et les « études du milieu » naturel et humain.

Alfred Weiler mourra à l’âge de 60 ans, avant d’avoir pu prendre sa retraite.

Le collège de Montgeron se nomme aujourd’hui collège Weiler.

Sources :


Écrit par : Jean-Michel Cousin

Le 28/11/2022

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