COCHET Jean-Benoît, Désiré

Jean-Benoît Désiré Cochet est né à Sanvic (dans une maison qui se situerait aujourd’hui au 17 rue Guillemard au Havre). Son père, Jean-Marie, ancien soldat de l’armée Napoléonienne, est alors gardien de la batterie des Tuileries, à proximité de son domicile. Il est ensuite envoyé à Étretat pour garder les trois batteries qui y défendent la côte, et la famille Cochet va s’installer dans ce bourg. Jean-Benoît va y poursuivre une « scolarité studieuse ».

À l’âge de 14 ans, en 1826, il revient au Havre, seul, mais il reçoit la protection de l’abbé Robin, curé de Notre-Dame et futur évêque de Bayeux, qui l’inscrit au Collège du Havre où il entre en classe de cinquième, classe dont le régent (enseignant formé en École Normale) est un humaniste nommé Langlois. C’est alors que naît sa vocation ecclésiastique : il entre au Petit Séminaire du Mont aux Malades, à Rouen, en 1827, puis au Grand Séminaire en 1831. Il sera ordonné prêtre le 28 mai 1836, affecté à l’église Saint-François du Havre comme vicaire. Il sera ensuite vicaire à Saint-Rémy de Dieppe en 1840, aumônier du Collège Royal de Rouen en 1842. Mais il est de santé fragile, et doit démissionner en 1846. Il se retire à Dieppe où il vivra 25 ans, étant « prêtre habitué » (vicaire auxiliaire) de l’église Saint-Jacques. Il avait été toutefois envisagé de lui confier l’aumônerie du Collège du Havre. Il partira ensuite à Rouen où il mourra, rue Saint-Patrice, le 1er juin 1875, à l’âge de 63 ans, des suites d’un érysipèle.

Mais ce n’est pas la carrière ecclésiastique de l’abbé Cochet qui nous intéresse réellement ici. Parallèlement à celle-ci, notre homme est attiré par l’archéologie suite à la découverte à Étretat des restes d’une villa gallo-romaine. L’archéologie n’en est qu’à ses débuts en Seine-Inférieure, mais le jeune Jean-Benoît sent naître une passion qui le conduira sur tous les chantiers de fouilles jusqu’à sa mort. Il va introduire les recherches en sous-sol, alors qu’on n’étudiait à l’époque que les monuments de surface, et on considère que l’abbé Cochet est, avec Jacques Boucher de Perthes, un des fondateurs de l’archéologie moderne.

Cochet ne se contente pas d’extraire les objets du sol et de les exposer dans un musée. Il les étudie « in situ ». Il cherche à déterminer l’origine de ses découvertes et à les dater en les examinant très soigneusement. Ceci lui permet d’accroître ses connaissances sur les périodes qu’il étudie. « Je ne cherche pas l’objet pour lui-même mais pour ce qu’il a représenté dans la vie ou les coutumes des êtres auxquels il a appartenu » dira-t-il. Il sillonne la Normandie, surveille le travail des ouvriers, consigne fidèlement l’emplacement des découvertes (le « maillage » des sites n’existait alors pas). Son œuvre couvre l’Antiquité, le Moyen-Âge, l’examen des statues, des peintures murales, la culture de la vigne en Normandie... L’autorité épiscopale lui confie également l’inspection des édifices religieux à des fins d’inventaire.

Il est encore attiré par l’archéologie sépulcrale. Si les édifices de surface, de vie ou de culte, ont disparu suite par exemple aux guerres ou aux incidents climatiques, les sépultures sont restées. Il s’intéressera en particulier à celle de Childéric 1er, le père de Clovis, mort en 481, découverte près de Tournai, en Belgique.

Il sera reçu en 1842 à l’Académie de Rouen, sera nommé en 1849 inspecteur des Monuments historiques pour la Seine-Inférieure, et deviendra en 1867 conservateur du musée des Antiquités de Rouen.

L’abbé Cochet repose au cimetière monumental de Rouen. Au Havre, un buste, œuvre de Henri-Frédéric Iselin, placé dans le parc de la chapelle Saint-Michel-d’Ingouville, rappelle sa mémoire.

Il était :

• Chevalier de la Légion d'honneur (décret du 27 novembre 1855)